Aux premières lignes de la détresse humaine

Décontaminer un laboratoire clandestin; chasser des images d’horreur chez un enfant à l’aide d’un chien; coincer un agresseur sexuel dans une résidence de personnes âgées; localiser un migrant mexicain perdu au milieu d’une tempête de neige; former une cohorte de femmes africaines pour une mission de l’ONU :  ils accomplissent les missions les plus diverses et admirables, les héros et héroïnes du deuxième tome de Cœur policier : 30 nouveaux récits d’interventions marquantes, édité cet automne aux éditions de l’Homme. Le livre contient 30 histoires compilées, une nouvelle fois, par Marie-Andrée Fallu. Ces récits témoignent que ces policiers et policières (elles sont de plus en plus nombreuses à exercer ce métier) sont aux premières lignes de la détresse humaine.

Stimulée par le succès bien mérité de son premier Cœur policier, publié en 2020, l’attachée de presse et épouse de policier, Marie-Andrée, est allée à la rencontre d’autres membres des diverses forces de l’ordre du Québec (Sureté du Québec, GRC, SPVM, corps municipaux de la Ville de Québec, de Laval, de Sherbrooke, de Longueuil, etc.). Elle était désireuse de mieux partager au public leur travail d’enquêteurs ou leurs multiples types d’interventions.

Du bon travail d’enquête, celui qui rend si populaire les romans policiers, ils en remplissent les participants à ce Cœur policier : ils démantèlent des réseaux internationaux de trafic de stupéfiants ( « Traque entre Val-d’Or et Los Angeles » par Benoît Dubé de la SQ; « Le marchand de mort » par Jacques Théberge de la GRC); un autre suit la piste d’un auteur de vol à main armée de la Gaspésie jusqu’au milieu du Nouveau-Brunswick; un échantillon d’ADN préservé permet à un autre enquêteur d’identifier un agresseur sexuel plus de vingt ans après la perpétration de son méfait (« Rattrapé par le passé » par Maxime Laprise de la police de Longueuil); quelques brides d’information et une bonne connaissance des chemins de bois des environs de Val-d’Or permettent à deux autres détectives de rescaper une fillette enlevée par un homme (« Amber : un cauchemar éveillé » par Jean-Philip Pelchat et Vincent Poudrier de la SQ).

« Faire vite, faire les bons choix en une fraction de seconde, » c’est ce que font Olivia Leblanc et Mary Jane Carmichael de la police du Richelieu-Saint-Laurent (« 30 compressions, 2 insufflations ») en réanimant un jeune garçon en arrêt cardiorespiratoire à Varennes. « Faire vite, » c’est aussi à cela qu’obéit Michael Tremblay de la police de Laval (« Les deux pieds en enfer ») en sauvant, au milieu des explosions, des dizaines de gens coincés dans des véhicules en flamme lors d’un gigantesque carambolage sur l’autoroute 440.

Parfois, on se sent impuissant. Parfois, il est trop tard, la vie ne peut être sauvée (« La fois de trop » par Charles-Denis Jones du SPVQ; « Une scène d’horreur sous la pluie » par Cindy Paré du SPVQ). Parfois, aussi, et heureusement plus rarement, les circonstances et le devoir vous forcent à tuer (« Pris en otage » par Stéphane Wull, du SPVM : « Pourquoi n’a-t’il pas accepté mon offre ? »). Il faut persévérer malgré tout.

« Tenir bon », ce n’est pas toujours aisé lorsque, quotidiennement, on est confronté à la maladie mentale (« Une décharge pour ramener Carl » par Marc-Antoine Régis-Labarre de la SQ), mais sauvegarder les vies et sauver les négligés de la société fait partie du travail, comme nous le montre Marylène Vandal de la police de Longueuil (« Chez Lise, un endroit où rebondir »). « [A]dorant l’être humain », elle se rapproche des plus vulnérables en visitant quotidiennement, dans un complexe de maisons de chambres, des toxicomanes. Elle leur fait parler de leurs problèmes, de leurs bobos, les poussent à se soigner plutôt qu’aller en prison.

Contribuer à une guérison, c’est aussi cela avoir un « cœur policier ».

– Christian Vachon (Pantoute), 10 décembre 2023