À commémorer en 2023 : des événements culturels, qui ont secoué notre monde

En 1873, en Belgique, Arthur Rimbaud, allant de déception en déception, sentimentales ou autres, publie un recueil aux images sublimes qui dénonce les pires malversations de notre civilisation. Cent-cinquante ans plus tard, son Une saison en enfer continue de nous hanter, inspirant, entre autres, bien des artistes, comme en fait foi ce Poésies, Une saison en enfer, Illuminations, illustrés par la peinture moderne, publié, l’an dernier, chez Diane De Selliers, dans sa « Petite collection ».

En cette même année 1873, un réputé écrivain russe commence à rédiger un récit, qu’il songe à intituler Deux mariages, deux couples, traitant des bonheurs et déboires de la vie conjugale. Publié finalement sous la forme d’un feuilleton en 1875, dans le Messager russe, le Anna Karénine de Léon Tolstoï demeure à jamais le plus puissant hymne romanesque à la passion coupable.

Cent ans plus tard, en 1973, un autre écrivain russe, Alexandre Soljenitsyne, parvient à ébranler les piliers du plus redoutable régime totalitaire de la Terre, en faisant éditer le 26 décembre à Paris le premier tome de son Archipel du Goulag. Il adresse, également, au mois de septembre une Lettre aux dirigeants de l’Union soviétique, rendue publique, six mois plus tard, s’articulant autour de six idées fortes, où il exhorte, entre autres, les leaders de l’URSS à renoncer « à leur idéologie morte », à se « préoccuper du développement de la terre russe », de son nord-est, en particulier, « principale richesse de notre pays », d’aller «vers une croissance zéro » (« le progrès doit cesser d’être considéré comme le signe distinctif d’une société. La croyance dans « le progrès indéfini » est une mythologie délirante »), et, surtout, d’orienter désormais le pays « vers le développement intérieur et non extérieur », sachant que « les visées d’un grand empire et la santé morale d’un peuple sont incompatibles » : « il faut abandonner toutes ces tâches mondiales fantastiques qui ne nous concernent pas ». Il semble, cinquante ans plus tard, que cette lettre a été égaré dans un classeur quelconque du Kremlin.

En cette fin d’année 1973, ce n’est pas un Archipel mais un Exorciste, celui du réalisateur William Friedkin, qui choque le monde occidental. Des milliers et des milliers de gens, à New York, à Cleveland, à Montréal, font la queue pendant des heures pour voir, sur grand écran, une fillette, possédée par un démon, vomir, ou se livrer à toutes sortes de pratiques sacrilèges. Des spectateurs s’effondrent ou font des crises dans les salles de cinéma.

Tout aussi hallucinant est le résultat au box-office (160 millions de dollars, uniquement sur le territoire américain, alors que le billet, à l’époque, vaut trois dollars). Avec le spectaculaire succès, deux ans plus tard, du Jaws de Spielberg, le cinéma entre dans une nouvelle ère, celui du Blockbuster, mettant un terme au Nouvel Hollywood émergent des années soixante (Bonnie and Clyde, Easy Rider,…) des films artistiques, à petits budgets.