Ces événements culturels qui méritent d’être commémorés au Québec en 2025 : D’une stripteaseuse sur pellicule à un Jésus en carton

Un cynique chez les lyriques, comme le titre si bien un essai de Carl Bergeron, le cinéaste Denys Arcand assène, en 1975, un an après son dérangeant Réjeanne Padovani, un autre coup de poing à son auditoire avec son Gina. Cette histoire, sur fond de musique disco de Michel Pagliaro, suit une danseuse de club, interprétée par Céline Lomez, d’une petite ville ouvrière du Québec, qui est molestée par une bande de motoneigistes menée par un inquiétant Claude Blanchard et qui cherche à se venger. Au même moment, comme un rappel du récent passé documentariste du réalisateur, une équipe de l’ONF, ayant en son sein un candide caméraman joué par Serge Thériault, enquête sur les conditions de vie des travailleuses d’une usine textile de l’endroit. Ce virulent et glacial portrait social, tourné en plein hiver, est sûrement revisité dans le recueil des éditions Boréal Hors champ : écrits divers 1961-2005 de Denys Arcand.

Relevant le défi lancé par Louise Forestier et Yvon Deschamps de composer un hymne susceptible de remplacer le pas tout à fait québécois « Happy Birthday », Gilles Vigneault interprète pour la toute première fois, en cette même année 1975,  son « Gens du pays ». Le tout se déroule le 24 juin devant des milliers de personnes rassemblées sur le mont Royal, à Montréal, pour célébrer la Saint-Jean-Baptiste. Ce chant, qu’il venait tout juste de composer, sur une musique de Gaston Rochon, quelques semaines plus tôt, peut être retrouvé dans son Chansons 2 : 1967-1982, paru chez Boréal compact. Depuis, pari gagné, nous aimons tous, au moins une fois par année, nous « laisser parler d’amour ».

Les Québécoises et Québécois éprouvent un autre grand moment de félicité devant leur téléviseur, un dimanche 7 septembre 1975, lors de la diffusion, à Radio-Canada, du premier des 36 épisodes de « L’Évangile en papier », la plus inventive, accueillante et ludique présentation de la vie de Jésus-Christ narrée par Jacques Thisdale et Armand Labelle. Il y a un petit quelque chose de particulièrement douillet et confortable, souligné par une douce musique, dans les décors et personnages en carton bricolés par le barbu Claude Lafortune aux doigts divins.

– Christian Vachon (Pantoute), 16 février 2025