Deux frères rivaux unis contre l’injustice

Généreux ce Michael Connelly qui, année après année et ce, depuis trente ans, s’acharne à nous offrir de merveilleux moments de lecture avec ses suspenses. Il nous fait encore le (bon) coup, en cette année 2024 avec son Sans l’ombre d’un doute (une traduction de Resurrection Walk). Publié chez Calmann Lévy, ce thriller juridique est d’une remarquable efficacité. On y trouve deux frères (en fait des demi-frères) aux intérêts divergents qui s’unissent pour mettre un terme à une injustice.

Mickey Haller, l’avocat vedette, submergé de demandes de taulards clamant leur innocence, décide d’exploiter les compétences de son frère Harry Bosch, vieux routier à la retraite du LAPD, « apte à voir une affaire sur tous les angles » afin de débroussailler, parmi ces amas de requêtes désespérées, ce qui peut être jugé gagnable.

« Mon dernier acte de ma vie professionnelle va-t-il être de travailler pour les criminels, » se questionne le policier Bosch, inconfortable ? Ses scrupules s’évanouissent lorsqu’il tombe sur un cas vraiment solide de scélératesse, une affaire tenant plus de l’exécution commandée que du crime de passion. Ce cas est celui d’une femme, une mère accusée d’avoir tué son ex-mari et qui a été emprisonnée. Elle est désireuse de retrouver son enfant pour l’empêcher de sombrer dans l’environnement criminel des gangs. Bosch va tout faire pour retrouver les traces du véritable assassin et éviter à une autre victime d’être détruite.

Halles, le maître de l’embuscade judiciaire, se tenant toujours « à la limite de l’éthique », se démène pour que l’affaire soit rejugée. Il cherche à faire surgir la preuve indiscutable, « sans l’ombre d’un doute », que l’enquête policière a déraillé. Mais, il assène cette fois-ci « un coup de bâton dans un nid de frelons » : la mère a tué un adjoint des services du shérif. Haller affronte la machine judiciaire de l’État de la Californie, prêt à tout pour éviter un scandale : une femme, une mère aurait-elle injustement été condamnée pour dissimuler un règlement de compte entre flics ?

On se délecte, une nouvelle fois, de ce portrait instructif, coloré et incisif des milieux juridiques et policiers californiens que nous livre avec compétence l’ancien journaliste écrivain à la fine pointe de l’actualité. Il nous présente un monde de violence, de corruption et d’argent sali par les cartels. « Que voulez-vous, » soupire l’un de ses personnages « c’est triste, c’est L.A. »     

– Christian Vachon (Pantoute), 15 décembre 2024