Laitier, téléphoniste, employé de club-vidéo : des métiers devenus inutiles, des métiers victimes des nouvelles technologies, des métiers mis en valeur dans ce Drôle d’histoire ces métiers : renifleurs de café et plus de 80 autres professions insolites de Markus Rottmann et Michael Meister, traduit de l’allemand et publié chez Québec Amérique. C’est un de ces albums jeunesse qui parviennent à séduire les adultes, tant par la qualité et la vivacité de ses illustrations, que par la richesse et la singularité de son contenu.
À l’aide de leur album, Rottmann et Meister nous invitent à un réjouissant voyage dans le temps, dans un passé peuplé de liftiers, de coupeurs de glace, de postiers du Pony Express, de joueurs d’orgue de Barbarie et d’employés de service postal pneumatique.
Ils nous promènent dans les rues d’une vaste cité européenne du XVIIIe siècle où des porteurs de chaise se faufilent partout, où des porteurs d’eau, chargés de leur palanche, nous sollicitent et où des chiffonniers traînant leur charrette récupèrent nos guenilles pour en faire du papier.
Ils nous introduisent au sein d’un vaste palais du Moyen Âge où s’activent des dizaines de valets et de filles du cuisine, où d’insolents bouffons de cour narguent leur maître et où des ménestrels, en chantant, colportent les derniers nouvelles.
Ils nous content d’autres métiers aux noms extraordinaires : moucheur de chandelles (il coupe les bougies lors des représentations au théâtre), marchand de sable (il vend ce sable servant aux produits de nettoyage), rameuse de Stockholm (une de ces fortes suédoises gérant, de mère en fille, les bateaux-taxis faisant la navette entre les nombreuses îles entourant Stockholm), coureur de Bow Street (un des énergiques citoyens assurant la loi et l’ordre à Londres avant l’arrivée, dans les années 1830, des « Bobbies » de la police métropolitaine), pétomane, ou « fartiste » (un type d’artiste, adoré du public, du Moyen Âge jusqu’au début des années 1900).
Ils nous révèlent des métiers qui peuvent sembler dégoûtants, mais tellement indispensables en ces temps-là : les attrapeurs de rats et les collecteurs d’excréments besognant inlassablement dans les villes peuplées de chevaux de l’ère préindustrielle; les porteurs de toilette ambulante, qui vous enveloppent d’un manteau pour faire votre « petit pipi » ou votre « grosse commission »; les foulonniers qui, dans la Rome antique, recueillent dans leur amphore l’urine servant à blanchir les vêtements; les épileurs d’aisselle qui, dans les bains publics de cette même Rome antique, éliminent ces poils si malodorants; les ramasseurs de sangsue qui, jusqu’à la fin du XIXe siècle, pataugent dans les marais avec l’espoir de se faire mordre par ces bestioles afin de les vendre aux médecins et aux pharmaciens.
Ils nous font regretter la disparition de ces métiers si insolites. Ainsi, au début du XXe siècle, j’aurais pu être un artiste de la faim et faire du jeûne un spectacle; dans la Prusse des années 1780, j’aurais pu être renifleur de café et repérer, à l’aide de mon « pif », des contrebandiers de ce produit; en 1820, à Nantucket, j’aurais pu être arracheur de fanons de baleine et transformer ces gréements gras et huileux en crinolines et corsets; dans le Londres de 1760, enfin, j’aurais pu être épandeur de plantes aromatiques et rafraîchir les appartements des souverains britanniques, chaque jour, de pétales de fleurs odorantes.
Et où sont allés les mandarins, les alchimistes, les nourrices, les goûteurs, les pleureuses…
– Christian Vachon (Pantoute), 27 septembre 2024
Drôle d'histoire ces métiers
Les gladiateurs. Les coupeurs de glace. Les calculatrices humaines. Les porteurs de toilettes ambulantes. Les ermites d’ornement. Tous ces métiers ont réellement existé. Aujourd’hui, ils ont disparu. À travers eux (et bien d’autres!), ce livre relate des périodes extraordinaires de l’histoire humaine.
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