Extravagantes prouesses sexuelles du monde animal

Christian Vachon - 13 avril 2021

« Tout est dans la nature ».  Rien n’illustre mieux L’étonnante diversité du monde animal que les multiples stratégies adaptatives et morphologiques des espèces, grandes ou petites, afin d’assurer leur descendance, éliminer la concurrence, « voire même d’éprouver du plaisir » : zizis en tire-bouchon, à quatre glands ou détachables, clitoris épineux, vagins stockeurs de sperme, pratique de la fellation, du cunnilingus, ou atteinte de l’orgasme.

Et il n’y a pas de meilleures introductions aux extravagantes prouesses sexuelles des bestioles de toutes sortes, du puceron au pachyderme, que ce Sexus animalus : tous les goûts sont dans la nature, édité tout récemment, à l’automne 2020, chez Arthaud,  Emmanuelle Pouydebat, chercheure au CNRS, directrice au Museum national d’histoire naturelle, auteur, déjà, d’un Atlas de zoologie poétique, a concocté, pour notre grand plaisir, cet excitant album, illustré de dizaines de dessins, volontiers explicites, entre autres un portrait des ébats acrobatiques de la limace léopard, suspendue dans le vide, et enlaçant sa compagne, en exhibant un sexe bleuté aussi long que son corps, ou une reproduction du pénis bifide, à la morphologie ornementée, en pleine érection –pardon- éversion, d’une vipère péliade, de Julie Terrazzoni.

Jusqu’à 400 millions d’années, alors que la vie animale est encore uniquement aquatique, la fécondation est essentiellement externe, et les pratiques sexuelles se résument à peu de choses :  « les femelles expulsent leurs ovules dans l’eau et les mâles projettent leur semence ».

Petit problème lorsque certains animaux marins sortent de l’eau :  plus question de répandre au hasard ovules et sperme.   On invente la fécondation interne.  On innove, du côté de l’appareil reproductif, avec le développement du pénis-tube chez le mâle, et son équivalent féminin, le clitoris.

Et dans un environnement constamment changeant, où la sexualité est une question de survie, ces organes génitaux, comme nous le fait constater Emmanuelle Pouydebat par de frappants exemples, vont varier en formes et en tailles, et de façons spectaculaires et insoupçonnées.

L’énorme pénis (près de 90 centimètres), à l’agilité extrême, du tapir de Malaisie lui permet de trouver de manière autonome l’entrée du vagin de sa partenaire.  Le bernard-l’ermite terrestre est lui aussi pourvu d’un long pénis qui lui permet de ne pas quitter sa coquille –et éviter son vol- lors de l’acte sexuel.  L’éléphant, par contre, doit être précis, et aller droit au but, avec son membre, afin de trouver l’entrée du vagin, éloignée de 1,30 mètre de l’orifice, de sa compagne.

L’argonaute voilier, un mollusque voisin du poulpe, a trouvé une solution toute aussi originale pour s’accoupler : un pénis détachable.  Le canard colvert, lui,  conçoit un moyen d’optimiser son pénis pour aller au plus près  des ovules, et favoriser la fécondation : il est forme de tire-bouchon.

Ce canard est aussi, tout comme l’autruche et le kiwi, l’une des rares espèces d’oiseaux (3% d’entre elles) pourvues de pénis.  Pourquoi cette absence ?  Pourquoi, chez la gent ailée, on préfère le « baiser cloacal » ?   Mystère de l’évolution.

Les lézards et les serpents, eux, ne sont  pas avares de pénis.  Ils en ont même deux, en plus d’avoir, chez la vipère péliade, cette particularité hallucinante de pouvoir, alternativement, utiliser l’un ou l’autre de ses « hémipénis » dans l’un des vagins de la femelle (qui en possède, elle aussi, deux !).

Ce n’est pas un double membre, mais un pénis à quatre glands qui permet à l’échidné, une sorte d’ornithorynque, d’exceller dans les prouesses sexuelles.

Quant au batelier d’eau, un type de punaise, il attire les femelles à l’aide de sons… produits en frottant son membre contre les crêtes rugueuses de son abdomen.  Les « stridulations » peuvent atteindre 90 décibels, en en faisant, ainsi, « le pénis le plus bruyant du monde ».

Chez la tortue, on préfère communiquer, au mâle concurrent, son bon état de santé et sa « puissance », en exhibant sa protubérance gigantesque.

L’araignée néphile adopte une solution plus radicale, mais efficace, pour éliminer les rivaux :  elle bouche, tout simplement, la fente génitale de la femelle en y introduisant des bulbes copulateurs.  La compétition étant aussi très rude chez l’insecte mâle demoiselle, celui-ci va utiliser son pénis, lors de l’acte copulatoire, pour racler et éjecter le sperme des concurrents.

Le phasme use d’un autre stratagème pour nuire à ses rivaux ;  il reste logé dans l’appareil génital de la femelle, y compris après l’acte, pendant des jours, voire même des semaines.

https://img.huffingtonpost.com/asset/5bb11fd9260000cf00817433.jpeg?ops=scalefit_720_noupscale
Un poison, le phallostethus cuulong, utilise, lui, un moyen plutôt rude pour optimiser sa fécondation :  un pénis mâchoire qui reste accroché, et parfois coincé, à sa compagne jusqu’à l’éjaculation.

En revanche, des épines poussent temporairement sur le long clitoris de la femelle fossa –un grand carnivore de l’île de Madagascar- immatures, permettant à celle-ci de repousser l’approche de mâles sexuellement agressifs.

Mais le sexe n’est pas que souffrance, ou affaire de reproduction dans le monde animal, « il existe aussi pour le plaisir ».   Les bébittes aiment s’envoyer en l’air.

La masturbation n’a rien d’inhabituelle.   Elle est même utile, chez les éléphants, les chevaux, les koalas, permettant d’éviter des infections sexuellement transmissibles.

Les chauves-souris sont des adeptes de la fellation et du cunnilingus.   Tous les jours, et avec une grande variété de partenaires, les bonobos, une espèce de grand singe, pratiquent une sexualité débridée, sans tabou.

Et l’homosexualité n’est pas, de loin,  un acte « contre nature ».  Plus de mille espèces assument ces comportements.

Le sexe, nous fait découvrir Emmanuelle Pouydebat, existe depuis bien avant l’arrivée des humains.  Comportements hétérosexuels, homosexuels, bi, trans : tout se rencontre, « au même titre que la polygamie, la monogamie et la polyandrie », et les techniques d’accouplement et organes génitaux peuvent varier en conséquence (ainsi, le mâle gorille, vivant en harem, et quasiment sans concurrence, se contente d’un très petit pénis).

Notre connaissance, toutefois, du « sexus animalus » est très axée sur le mâle, et le clitoris, constate, au final, Emmanuelle Pouydebat, demeure « le grand oublié de l’évolution et de la sélection sexuelle ».

Sciences

Sexus Animalus

Emmanuelle Pouydebat & Julie Terrazzoni - Arthaud

Bienvenue dans le monde déconcertant et fascinant de la sexualité animale où tout, des organes génitaux aux comportements reproductifs, n'est que diversité. Montaigne nous avait prévenus : « Nature peut tout et fait tout », en particulier lorsqu'il s'agit d'assurer sa descendance, voire d'éprouver du plaisir... En ouvrant ce livre, vous découvrirez des pénis géants, doubles, à crochets, mobiles, sonores, détachables, des clitoris pourvus d'os ou d'épines, des vagins stockeurs de sperme, à clapets ou en labyrinthe...

Autant de variabilité morphologique en lien direct avec une multitude de pratiques sexuelles : viol, castration chimique, élimination de la concurrence, tromperie, sacrifice, homosexualité, transsexualité, masturbation, fellation, cunnilingus, orgasmes !

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