La fin du monde n’est pas pour demain

Christian Vachon - 22 avril 2024

Violence, inflation, inégalités, péril climatique : notre planète parait fort mal en point. Pourtant, David McCandless nous rassure dans son Grand livre des bonnes nouvelles : mille et une infographies pour se réjouir en un clin d’œil (une traduction de Beautiful News éditée chez Robert Laffont) : la fin du monde n’est pas pour demain. Avec ses 250 pages d’informations positives, mises en valeur par un visuel accrocheur, il nous empêche de basculer dans le fatalisme et l’alarmisme, en nous rappelant qu’il y a encore des millions et des millions de gens qui contribuent « inlassablement et silencieusement à faire de notre Terre un monde meilleur » (sans être nécessairement parfait).

Certes, il n’est plus certain que « la taille des armées diminue » depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022 (l’ouvrage a été publié, originalement, en 2021); certes, la fonte des glaces inquiète toujours; mais réjouissons-nous tout de même que « la couverture forestière mondiale s’étend constamment » (11,7 % de gain de la canopée en Asie et 27,3 % en Europe),  que d’importantes campagnes de reboisement se propagent partout dans le monde (notamment en Inde, en Australie, au Pakistan), que le nombre de marées noires diminue, que l’acidité de l’atmosphère (ces « pluies acides » si menaçantes, lors des années 80, pour nos érablières) est revenue à la normale, que la voiture électrique, avec ses batteries fonctionnant de mieux en mieux, « est devenue une évidence », que le potentiel énergétique de l’hydrogène (le carburant des fusées) est « fantastique ! » (bien que « difficile à fabriquer sans émettre de carbone »), que nous sommes en train de développer et d’utiliser des organismes et des substances naturelles (bactéries, champignons, enzymes, vers de farine) « capables d’ingérer et de digérer les déchets plastiques ».

Le grand livre des bonnes nouvelles nous informe aussi que les populations de gorilles de montagne, de tigres sauvages et de rhinocéros augmentent et que, d’un autre côté, les homicides et la faim diminuent un peu partout dans le monde. Il nous mentionne aussi que le paludisme disparaît de la surface du globe, que nous sommes en train de gagner la guerre contre la tuberculose, que de plus en plus de filles sont scolarisées, et que, de plus, elles s’orientent davantage vers les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques.

La photo nous montre la Terre prise de l'espace. Le globe est au milieu d'un carré noir. La photo montre l'Afrique, l'Antarctique et la péninsule arabique : les continents sont vus en brun-vert sous un couvert de nuages blancs, sauf l'Antartique qui couvre toute la portion sud du globe de blanc. Le cercle terrestre présente une majorité de bleu, les océans, eux aussi partiellement couverts de nuages blancs.
Vue complète du disque de la Terre prise le 7 décembre 1972 par l’équipage du vaisseau spatial Apollo 17, en route vers la Lune, à une distance d’environ 29 400 kilomètres de la Terre. (Crédits photo : NASA)

Ce qui ne cesse « d’augmenter, d’augmenter, d’augmenter » : l’espérance de vie et les lois contre la violence conjugale. Ce qui ne cesse de « baisser, baisser, baisser » : le travail des enfants et les politiques de discrimination à l’encontre des minorités ethniques. La peine de mort, en 2020, est abolie dans 98 pays. Les droits des perosnnes trans se répandent. Être homosexuel est désormais légal « dans la majorité des pays du monde ».

Ne ménageons pas les applaudissement pour l’Australie dont le taux d’homicide n’a jamais été aussi bas et dont une maison sur quatre est aujourd’hui équipée de panneaux solaires. Le Royaume-Uni mérite aussi quelques bravos pour cette biodiversité florissante dans la Tamise (125 espèces de poissons !), ces grossesses adolescentes atteignant, grâce à la gratuité de la contraception, un niveau-plancher record et sa réduction rapide de l’utilisation du charbon.

Félicitons également l’Afrique pour ses réussites : l’espérance de vie s’envole, le nombre de mutilations sexuelles baisse et l’accès à l’électricité est en hausse. À travers le continent, une « grande muraille verte » faite de mosaïque d’arbres et de terres arables, s’érige.

Même la Chine mérite des éloges : ce vaste pays est le premier pour les bus électriques. Il est d’ailleurs le « leader mondial » des voitures électriques (1,2 millions contre 325 000 aux États-Unis), en plus d’être « en train de gagner sa guerre contre la pollution de l’air ».

Et le Canada ? Alors que la Colombie peut se vanter d’accueillir « le plus grand nombre d’espèces d’oiseaux » et que le Bangladesh s’enorgueillit d’être « le premier pays à interdire le plastique », notre pays peut se flatter d’être le meilleur « producteur de hits au box-office » (remercions sans doute Paul Anka, Bryan Adams, Céline Dion et Justin Bieber). Complimentons-nous également d’avoir « la plus grande forêt protégée de la planète ».

Aucune, enfin, parmi toutes ces flopées de bonnes nouvelles recensées par David McCandless, n’est aussi encourageante, savoureuse, fortifiante que cette invention d’un quatrième chocolat en 2017. Aaprès le noir, le blanc et le « au lait », le chocolat Ruby : un chocolat « doux et en même temps amer », plus « fruité que le chocolat au lait ». Le monde mérite de survivre pour que nous puissions goûter à cela !

– Christian Vachon (Pantoute), 21 avril 2024

Essais étrangers

Le grand livre des bonnes nouvelles

David McCandless - Robert Laffont

Un recueil d'infographies dans lequel l'auteur met en avant les progrès dans le monde, qu'ils soient dans le domaine du social, de la santé, du droit, de l'économie ou encore de l'écologie.

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