Vous vous interrogez sur les multiples rumeurs circulant sur les réseaux sociaux, sur ces histoires d’écriture reflétant votre personnalité, d’aliments moins nourrissants qu’avant ou d’aluminium disséminé dans les vaccins ? Confiez vos doutes au fouineur scientifique Jean-François Cliche, il se fera un plaisir d’éplucher ces affirmations, de remonter aux sources de ces ragots, de tirer le vrai du faux.
Depuis 2017, le chroniqueur scientifique au magazine Québec Science effectue un travail salutaire au journal Le Soleil de Québec, rédigeant la rubrique « Vérification faite » où il invite les lecteurs (il se retrouve enseveli de demandes à cet égard) à lui soumettre des faits où des affirmations à vérifier.
L’éplucheur de rumeurs, penchant toujours du côté de la science, sait faire dans la nuance. Il est de ces personnes, aux profondes convictions idéologique, qui n’identifie pas, sans fondements, pétrole, OGM, pesticides et plastiques au mal absolu. Il est de ces personnes qui, tout en s’inquiétant du réchauffement climatique, ne le rend pas immédiatement responsables de toutes les perturbations météorologiques.
Dans Fake News : le vrai, le faux et la science, édité chez Multimondes, l’automne dernier, il a regroupé plusieurs de ses articles, plus de soixante-dix : de l’argumenté, du documenté, du solide, rédigés pour sa chronique du Soleil (en plus de quelques billets de son blogue « Science dessus dessous », ainsi que des textes de la rubrique « Science au quotidien « ). Le vulgarisateur a structuré son bouquin selon « le degré de fausseté des fake newa abordés », car bien de ces rumeurs, on le découvre, ont des fondements véridiques.
Il nous épluche, d’abord, ces « vraies faussetés », grossières, faciles à déconstruire. « Le CO2, ce n’est pas de la pollution » affirme Maxime Bernier. Faux, bien sûr. Pas de lien, non plus, entre tornade et réchauffement, comme le propose, en 2018, François Legault. Et soulever que Montréal est un territoire historiquement mohawk tient de la bêtise madame la mairesse Valérie Plante.
Rien de vrai, non plus, dans ces fameuses « preuves » de l’efficacité de l’homéopathie (on se fie, sournoisement, sur les enquêtes les moins solides), ou dans cette supposé efficience des thérapies de conversion des homosexuels. Et il faut tordre pas mal d’évidences scientifiques pour nier l’origine humaine du réchauffement climatique.
Jean-François Cliche remue aussi des idées préconçues du camp environnementaliste en concluant, « vérification faite », qu’il n’y pas une réelle prohibition, après 2025, des véhicules à essence en Norvège ; que rien ne permet de penser que les OGM sont dangereux pour l’homme ; et que, dans l’exploitation des gaz de schiste, les cas avérés d’impacts directs de la fracturation hydraulique à grand volume sur l’eau souterraine sont très rares.
Cliche fait feu, également, sur les demi-vérités. Ni tout à fait noir, ni tout à fait blanc ces déversements d’eaux usés : il n’est pas « si évident » qu’ils sont sans conséquences sur l’environnement. Ni tout à fait noir, ni tout à fait blanc cette « recette miracle » de longévité des Oméga 3 : des effets sont vérifiables, mais ils sont « enterrés sous d’autres facteurs ».
Les homards éprouvent de la douleur ? Il y a un doute raisonnable. La viande rouge peut être mauvaise pour la santé ? « Tout les arguments, tant les contre que les pour, sont factuellement vrais et scientifiquement valides ». Il y a moins d’insectes qu’avant ? Plus ou moins : « on assiste à une homogénéisation des espèces d’insectes », avec la perte «d’espèces spécialisées ou moins adaptables ».
Quand vient le moment de juger la véracité d’une nouvelle, «certains journalistes souhaitent qu’elle soit vraie », au point de livrer une version tronquée de la réalité. Jean-François consacre la troisième partie de son Fake News : le vrai, le faux et la science à ce « biais médiatique » : « qui surveille les chiens de garde ? », contant ces épisodes où les journalistes désinforment lorsqu’ils abordent, entre autres, le dossier du glyphosate, le fameux herbicide du « méchant Monsanto » : « une tempête dans un bol de céréales » (on combat « une cible erronée », l’herbicide tant détesté des milieux environnementaux en remplace « des plus toxiques ») ; de l’amplification des inondations printanières (« il est loin d’être clair que les crues deviendront de plus en plus fortes ») ; ou de la nocivité dramatique du vapotage (« il semble démontrer que la cigarette électronique est moins néfaste que le tabac »).
Enfin (eh oui ! cela arrive), il existe bel et bien des affirmations vraies, des faits, longuement débattus, mais vérifiés, comme cette absence de lien entre autisme et violence (l’autisme n’est pas synonyme de problèmes mentaux. C’est un trouble neurobiologique, « mais cela n’a rien a voir avec la violence »), l’idée de plus d’armes mènent à plus d’homicides (« mais ce n’est pas une évidence aussi patente que l’on croit »), et qu’en matière d’éducation, le Québec est en retard sur l’Ontario (« bien qu’il soit important de nuancer »).
Triste réalité indéniable, de plus, que cette disparition annoncée des hirondelles (moins de 90%, depuis 1970) et des moineaux (moins de 70%, depuis 1990).
Difficile à croire, mais vraie, que les dinosaures contractaient le cancer (« plus l’animal est grand, plus il a de cellules, plus le risque l’une ou quelques-unes finissent par se dérégler est élevé ») ; que le Québec est « tricoté moins serré » que le reste du Canada (plusieurs indicateurs différents le suggèrent. « Toutefois, qualifier la situation de pathologique est nettement une exagération ») ; et qu’il faut réutiliser 20 000 fois un sac en coton pour que son empreinte écologique devienne plus faible qu’un sac en plastique (« la majeure partie de l’impact environnemental des sacs est liée à leur production »).
« You can’t Handle the Truth! »
Fake News: Le vrai, le faux et la science
Est-il si compliqué de connaître la vérité? En cette ère de désinformation, de fake news, c’est le cas. Les réseaux sociaux peuvent propager des rumeurs et des faussetés à une vitesse inégalée sur des sujets aussi divers que l’aluminium dans les vaccins, les OGM, la place du plastique dans notre quotidien, le changement climatique, l’autisme et les pesticides, les sondages qui influencent le vote, l’empreinte carbone de nos animaux de compagnie ou les supposées vertus des oméga-3.
Mais comment séparer le bon grain de l’ivraie et remettre les pendules à l’heure? En remontant aux sources de ces fake news tout en apportant les nuances indispensables, quitte à secouer les idées préconçues dans l’esprit de bien des gens… et de bien des journalistes.
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