Les ravissants égarements de « La mémoire du labyrinthe » de Steve Laflamme

Adorez-vous les défis ? Steve Laflamme, qui aime bien s’amuser à titiller l’intelligence de ses lecteur·rices, vous en propose tout un avec sa Mémoire du labyrinthe, publié chez Libre Expression.  Ce roman noir, à l’intrigue monstrueuse, rend un hommage senti à l’univers inventif du grand écrivain Jorge Luis Borges. 

Rescapée des tribulations de Vingt-trois jours de haine, Frédérique Santinelli est partie se réparer au Grand Nord, tentant de reconstruire son enfance ruinée par le sort de ses parents, traités en paria par un « diable blanc ».  Celle qui tente de fuir le présent ne peut pourtant pas résister, pour sa survie intellectuelle, à se plonger dans l’âme d’autres vies humaines. Elle donne suite, au risque de se faire retracer, à un courriel d’une certaine Véronique Morel, veuve d’un grand admirateur de Borges, désireuse d’obtenir sa collaboration pour honorer son mari décédé. Un piège, en fait, va se refermer, tant sur elle que son ancien complice, le lieutenant détective Guillaume Volta.

Embrigadé dans une tortueuse quête en Estrie, Volta, peu enclin aux questionnements métaphysiques, doit résoudre des défis intellectuels en tentant de s’échapper d’un bâtiment aux pièces aussi dédaléennes qu’une oeuvre de Borges, aidé d’un littéraire énervant et prétentieux recruté par Santinelli. Qu’a donc pu dissimuler Véronique Morel dans cette maison débile ? « Ce qui importe, » enseigne l’écrivain argentin, « ce n’est pas de lire mais de relire. »

Tant dans leur traque respective, familiale et policière, Santinelli et Volta doivent affronter leurs monstres pour trouver leur porte de sortie. « Cessez de courir, cessez de vous fuir vous-mêmes.  Vous êtes votre propre labyrinthe. »

– Christian Vachon (Pantoute), 25 mai 2025