L’insolite renaissance de Sherlock Holmes

Depuis plus d’un siècle, une multitude d’écrivains font renaître Sherlock Holmes. L’Espagnol José Carlos Somoza, auteur louangé de La caverne des idées et de Clara et la pénombre, s’y compromet à son tour dans son Étude en noir, traduit en français chez Actes Sud en 2023 et disponible maintenant dans sa collection de poche Babel. Ce roman accentue l’aspect théâtral, l’étrangeté des personnages, le sordide, le misérabilisme et les rapports de classe. Rien n’est prévisible dans cette étonnante histoire, avec son héroïne improbable (une femme célibataire au physique ingrat) et ses cadavres patientant dans une grange en espérant l’arrivée d’une bonne compagnie. Le dénouement nous laisse d’ailleurs particulièrement perplexes.

Dans un institut psychiatrique de Portsmouth, en 1882, alors qu’une série de meurtres de vagabonds hante la ville portuaire anglaise, Anne McCarey, une infirmière d’une quarantaine d’années est incapable de décrocher d’une liaison malsaine avec un marin ivrogne et violent. Elle crée des liens singuliers avec un de ses patients, un petit homme abandonné par sa famille et connu sous le nom de M.X. C’est que cet être chétif, qui va grandir dans notre imagination, possède des pouvoirs de sorcier, étant capable de déduire bien des choses du passé d’Anne. En plus de susciter l’intérêt des policiers enquêtant sur la vague d’assassinats, il attire l’attention d’un certain docteur Arthur Conan Doyle. M.X., par divers trucs, s’acharne à convaincre ce docteur Doyle qu’il a plus de chances d’améliorer la vie d’autrui en devenant écrivain plutôt que médecin.

Bien des éléments demeurent obscurs dans ce délirant conte baroque où les identités s’inversent, où la mort devient libération, et où l’extraordinaire, au même titre que la compassion, finit par triompher.

« Quand on élimine l’impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, doit être la vérité. »

– Christian Vachon (Pantoute), 6 avril 2025