Un manga que j’attends depuis presque DIX ans est enfin sorti !!!
« Notre ville bien-aimée N°6 ne connaît ni la misère, ni le malheur. Son avenir est à présent entre vos mains, jeunes gens ! . . . Demeurez fidèles à notre cité ! »
Bienvenue à N°6, la société parfaite : aucune douleur, aucune saleté, aucun écart, aucun crime. Seule la perfection est autorisée et le désordre est proscrit. C’est une vraie ruche habitée de petites ouvrières fidèles, efficaces et contrôlées.
Embrigadement de la jeunesse, élite aseptisée : l’avenir de Shion est tout tracé. Il est brillant et il fera partie de l’élite de la ville de génie qu’est N°6 . . . jusqu’à sa rencontre avec Nezumi, le rat, un individu pourchassé par la société. Il est sale et se cache dans les égouts; il est blessé et est un criminel recherché. Mais avant tout, c’est un enfant, comme Shion. Les deux semblent aux antipodes pourtant leur rencontre brise quelque chose de cette société parfaite.
Quels sacrifices sont nécessaires pour atteindre la perfection de cette ville immaculée ?
J’attends depuis longtemps ce manga de science-fiction, doublé d’une dystopie avec une douce romance ! Cette année bénie qu’est l’an 2024 m’apporte son lot de bonnes nouvelles niveau manga. Cette série connaît enfin une traduction française chez Vega-Dupuis et je remercie mes plans d’achat du manga en VO d’avoir foiré : ma patience aura porté fruit. Cette histoire est enfin disponible et pour l’instant je suis ravie de mes lectures. J’ai découvert ce manga avec la série animée autour de l’année 2012 et cette série m’a profondément marquée, torturée, bouleversée. J’ai même fondu en larmes ! Ma lecture des quatre premiers tomes de la série m’a complètement convaincue. J’ai pu découvrir quelques différences d’adaptation comme, par exemple, avec la grand-mère de Safu. Certains détails sont omis en comparaison à l’animé, mais d’autres sont soulignés, à contrario.
L’histoire est une adaptation des romans d’Atsuko Asano, mais la série en question n’est pas complète en traduction française. . . Espérons que ce problème soit remédié avec la sortie du manga en français. Seulement neuf tomes sont annoncés pour la série de mangas et j’ai un peu peur que plusieurs points de l’histoire ne soient pas assez approfondis avec si peu, peur que l’on reste sur la face visible de l’iceberg. Mais nous verrons bien par la suite !
Suite à ma lecture des quatre premiers tomes, cette série reste une dystopie qui tient une place particulière dans mes lectures avec son duo inattendu et sa brèche d’amour dans ce monde obscur et contrôlé. Cette série dresse le portrait de l’humanité dans ce qu’il y a de plus beau et de plus terrible à la fois. J’apprécie aussi énormément la place laissée à l’art dans l’intrigue : Nezumi est comédien et il fait découvrir à Shion les classiques. En effet la littérature et l’Art en général n’ont pas leur place dans la cité N°6 et on voit bien les dérives provoquées par un monde où l’Art est proscrit. Les habitants ne sont plus libres de créer et, surtout, plus libres de réfléchir par eux-mêmes.
Le premier tome nous embarque in extenso dans l’histoire et nous cadre le monde auquel nous avons à faire. La relation entre les personnages est décrite avec finesse (même si j’aurai apprécié en apprendre davantage) et bien des événements se produisent : c’est une succession, voire une accumulation, d’événements perturbateurs pour notre protagoniste ! Beaucoup de problématiques sont soulevées : l’étrange « maladie » due à des insectes mutants, la corruption et l’injustice qui règnent dans la ville, l’embrigadement de la jeunesse, la relation entre certains personnages comme Safu et Shion ou Shion et Karan, sa mère.
Les puces et le traitement des criminels sont aussi particulièrement prenants ! Mais aussi le total contrôle et la surveillance de la population, qui tient du George Orwell et du « Big Brother is watching you ». Surtout, on se doute que la cité veut faire taire Shion pour ce qu’il a vu. . . donc la cité aurait un lien direct avec les insectes tuant la population ? On apprend aussi dans le résumé que les cités ont vu le jour après une certaine troisième guerre mondiale : on veut en savoir plus ! Un monde très riche nous est offert, mais les tomes semblent trop courts pour pouvoir aborder tous les thèmes foisonnants que nous livre l’intrigue. Ceci dit, la série a le mérite de nous tenir en haleine et de nous pousser à continuer tellement les réponses sont attendues.
On apprend bien plus d’informations dans les trois tomes suivants, mais la série reste tout de même assez secrète. On « visite » en même temps que Shion le bloc de l’Ouest, l’endroit où s’entassent les personnes et les déchets dont la cité ne veut pas. L’intrigue se dessine et à la fin du quatrième tome : nous sentons que nous arrivons à un moment charnière et clef de l’histoire. On semble s’approcher dangereusement d’un pic de tension et d’événements importants pour le développement de l’intrigue. Graphiquement le résultat est très beau et soigné. J’attends avec impatience la suite, mais j’ai attendu dix ans, quelques mois devraient donc être supportables !
Cette série est classée shojo mais il s’agit plutôt d’un shonen-ai / seinen : il y a de l’aventure et de l’action comme dans un shonen, mais tout en laissant un chemin à une histoire d’amour entre nos deux personnages principaux. Cependant, plusieurs thématiques sombres et adultes n’en font pas un manga pour enfants, proche par moment du seinen. L’univers est extrêmement riche et c’est un plaisir de redécouvrir cette série avec le manga. On sent plusieurs influences et inspirations de la tradition SF, notamment avec George Orwell et 1984, mais aussi par moment un peu d’Aldous Huxley avec Le meilleur des mondes. À la vue de certains thèmes abordés (mort programmée, cannibalisme, prostitution et tant d’autres), la série pourrait heurter la sensibilité d’un jeune public et ne serait pas adaptée pour les moins de 14 ans selon moi. Oui, elle est classée en shojo (une classification discutable), mais on est loin d’une histoire d’amour naïve et infantile destinée aux plus jeunes.
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