Quand le temps va tout va

Christian Vachon - 15 juin 2021

La température ne nous affecte pas : balivernes, je l’avoue, en écrivant ces lignes sous un 32 degrés Celsius. Nous vivons au rythme d’une masse d’air qui nous survole, d’un temps qui ne discrimine personne.  Nous sommes tous égaux devant la météo.  On a besoin de fraîcheur l’été, et de chaleur l’hiver, et le météorologue français Louis Bodin en accumule les preuves scientifiques dans son Nous sommes tous météo-sensibles :  Comment la météo influence votre humeur et votre vie, une édition en format poche, chez J’ai lu, de son essai publié en 2019. Moral, amour, travail, santé, rien n’échappe aux conséquences de cette météo, et ce bouquin saura nous apprendre a l’écouter et à la comprendre.

La science comportementale l’atteste : nous sommes des baropathes, sensibles au temps qu’il fait. « La météo joue sur l’humeur des individus particulièrement fragiles ou fragilisés sur le plan psychologique ».

Nos premiers gestes, le matin, ne sont-ils pas des plus archaïques : ouvrir les rideaux, regarder le ciel de la fenêtre, et désirer, secrètement, que le temps soit en phase avec nos humeurs, nos projets du jour, une envie de sortir, de plaire, ou de cocooner, de rester chez soi ?

Modernité ou pas, nous demeurons soumis aux rythmes biologiques.  L’été, « nous sentons l’amour par tous les pores de notre peau », et le cerveau « reconnait parfaitement ce parfum érogène ».  Lumière et « chaleur délicieuse » stimulent nos glandes surrénales.  La période hivernale, toutefois, est plus propice à la « pérennisation des couples ».  On préfère s’encabaner à deux plutôt que tout seul.

On peut aussi mesurer la qualité du temps « en regardant la tête des gens ».  Un tête de bœuf est signe de temps merdeux, de temps «qui vous empêche d’entreprendre des activités sociales qui vous donnent du plaisir et des rencontres étonnantes ».

Plus il fait chaud, plus on s’échauffe.  Notre cerveau se ralentit, nous rend bête et méchant.  La chaleur accablante est propre aux accrochages verbaux, aux signes d’impatience et d’énervement.

À l’inverse, médecins, biologistes, psychologistes l’affirment, le froid nous rapproche.  L’hiver est la saison propice aux élans de générosité.

Gardons, alors notre sang froid pour affronter un vent de folie.  Car le vent est, parmi tous les phénomènes météos, celui qui « à le plus d’influence sur notre humeur, même si nous n’en sommes pas toujours conscients ». Foehn, sirocco, chargés d’ions positifs néfastes, apportent des effets débilitants et déprimants sur les populations d’Europe et d’Afrique. Les vents océaniques, lestés d’ions négatifs, les requinquent plutôt.

Un printemps magnifique est profitable aux suicides ? Il semble que oui.  Le temps devenu clément, permettant une reprise des activités sociales, a un effet paradoxalement « désastreux sur les gens dépressifs, se sentant nuls, incapables ».

Et la pleine lune rend-elle nerveux ?  Aucune étude scientifique n’a établi la preuve de cette influence, les morts-vivants ne semblant pas privilégier ce temps pour sortir de leur tombe.

Il suffit de sonder l’air du temps, d’être le témoin d’un monde « perdant le nord » avec le dérèglement climatique, pour mesurer l’impact de la météo sur la marche de la société. « Le risque météo est, pour l’activité économique, plus déterminant que la baisse des taux de la monnaie nationale, que la variation du cours du pétrole, ou encore de celle des taux d’intérêt. »

L’impact du climat, en fait, sur la productivité, est incontestable.  N’y a-t-il pas meilleur allié du travail qu’un temps gris ? (qui a envie d’aller s’enfermer pour bosser quand il fait beau ?) Et le réchauffement climatique planétaire va probablement rebattre les cartes de la productivité mondiale.

Architectes et urbanistes, sachant que chaque ville a son microclimat, redessinent maisons et quartiers en fonction des menaces du ciel ou des caractéristiques du climat. On mesure aussi, de plus en plus, l’effet perturbateur de l’agencement des villes sur le régime général des vents, empêchant, entre autres, la dispersion de la fumée et des airs pollués.

Météo et santé, on le découvre, forment un couple indissociable.  Notre corps n’aime pas plus les extrêmes, du type temps trop froid ou trop chaud, que notre système cardiovasculaire.  Notre peau se régale, quelquefois, un peu trop dangereusement du soleil.  Nos poumons réagissent, parfois brutalement, à ce pollen redoutable semé dans l’atmosphère par le vent.  La pluie est, alors, particulièrement louée par les gens allergiques.

De plus, rien n’est plus dommageable à notre sommeil qu’une canicule, ralentissant le refroidissement indispensable de notre corps avant le coucher (« le froid fait dormir »).

Sachez aussi que fermer les yeux, en écoutant le « bruit blanc » de la pluie, offre le meilleur des somnifères.

Enfin, les rhumatismes permettent-ils vraiment de prévoir le temps ?   Il n’y aucun lien entre les douleurs inflammatoires et le temps.  On souffre des rhumatismes les jours de pluie et d’humidité parce que ces jours là, justement, on ne sort pas, on ne bouge pas.  Rien de tel, alors, qu’une marche pour dérouiller les articulations.

Vous continuez de prétendre que la météo n’est pas au centre de vos préoccupations ?  D’accord.  Mais pourquoi, chaque jour, vous aimez bien savoir où vous mettez vos pieds, et votre tête ?

Essais étrangers

Nous sommes tous météo-sensibles

Louis Bodin - J'ai Lu

Comment la météo influence votre humeur et votre vie



Que nous le voulions ou non, nous sommes tous influencés par le climat, le changement de temps, de pression ou de température. Au fil des saisons, notre corps et notre moral doivent s'adapter.

Acheter

Commentaires

Retrouvez toutes nos références

Notre catalogue complet