C’était le 10 mai 1774. Il y aura de cela deux cent cinquante ans en 2024. Le roi Louis XV, qu’on surnommait le « bien-aimé » (sûrement par un dame de Pompadour ou un Du Barry), s’éteignait. Des fêtes joyeuses se tinrent, semble-t’il, à Paris pour célébrer son décès de la variole.
Cinquante ans plus tard, un 16 septembre 1824, un autre roi de France, Louis XVIII, souffrant atrocement dans les dernières années de sa vie d’un diabète et de la goutte, conséquence probable de son trop gros appétit, quittait lui aussi notre monde.
Le 2 avril 1974, il y aura cinquante ans cette année, c’est Georges Pompidou, second président Ve république française, qui mourait d’un cancer. Il a caché cette maladie à la nation. Son fils adoptif, Alain, a évoqué dans Georges : c’était mon père (chez Robert Laffont, 2023) la vie intime de son illustre paternel.
George W. Bush a lui aussi offert, dans Portrait de mon père, George H.W. Bush (publié chez Odile Jacob en 2016), une vision très personnelle de la vie de son célèbre paternel, le 41e président des États-Unis (de 1989 à 1993), décédé en 2016 et dont on commémorera, le 12 juin 2024, le centième anniversaire de naissance (à Milton au Massachusetts).
Le 3 février 2024, on se remémorera également le centième anniversaire de la mort d’un autre président américain, le 28e (de 1913 à 1921) : Thomas Woodrow Wilson. C’est lui qui, dans un discours tenu en janvier 1918, chamboula à jamais la planète en arguant « d’un droit inaliénable des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Sigmund Freud est l’auteur, en collaboration avec William C. Bullitt, de Le président Thomas Woodrow Wilson : portrait psychologique (réédité en 2018 chez Payot dans sa « Petite bibliothèque »). Il ne semblait guère avoir apprécié ce chef d’État, « dévot aliéné », « se sentant en communication directe avec Dieu » et porteur d’une « mission ».
Il se comporta aussi en missionnaire, avant son élection à la présidence américaine en 1928, Herbert Hoover, créant une commission pour ravitailler la France et la Belgique occupée au début de la Première Guerre mondiale. Incapable, toutefois, de faire redémarrer l’économie américaine lors des premières années de la Grande Dépression, le 31e président, dont on célébrera le cent-cinquantième anniversaire de sa naissance le 30 novembre prochain, sera largement battu par Franklin Delano Roosevelt aux élections de 1932.
Une succession de crises : de l’énergie, de l’emploi, des otages en Iran, menèrent elles aussi à la défaite de James Earl Carter, dit « Jimmy Carter », le 39e président des États-Unis, à la fin de son premier mandat. C’était en 1980, face à Ronald Reagan. Carter fêtera peut-être de son vivant le centième anniversaire de sa naissance, à Plains en Géorgie, le 1er octobre 2024.
Une habile alliance avec les mouvements syndicaux et les groupements nationalistes, ainsi que la présence angélique, devenue mythique, de son épouse Eva, permirent à Juan Domingo Peron de se maintenir au pouvoir en Argentine pendant une dizaine d’années, entre 1946 et 1955. Ce tour de force a été possible grâce à un fort appui populaire. On soulignera le cinquantième anniversaire de son décès le 1er juillet 2024.
Il régna fort longtemps et avec une main parfois ferme, Hassan II, 21e monarque de la dynastie alaouite du Maroc. Il fut au pouvoir pendant près d’une quarantaine d’années, entre 1961 et 1999. On commémorera le vingt-cinquième anniversaire de son décès le 23 juillet nprochain.
Plus long encore (près d’une cinquantaine d’années, entre 1952 et 1999) et même plus miraculeux (il survécut à une dizaine de tentatives d’assassinat et de complots) fut le règne de Hussein Ben Talal, souverain hachémite de la Jordanie, dont on soulignera également le vingt-cinquième anniversaire de sa mort le 7 février 2024. L’homme fut réputé, aussi, pour ses nombreux remariages.
Il n’accumula pas les épouses, mais les bons mots, ce grand homme d’État que fut Winston Churchill et dont on célèbrera, le 30 novembre, le cent-cinquantième anniversaire de naissance. Pour rendre hommage à ses qualités spirituelles, un Grand livre de l’humour de Churchill vient tout juste d’être publié, à l’automne 2023, chez Leduc. Le recueil est signé Frédéric Pouhier et Susie Jouffa.
Il eut une jeunesse aventureuse, en Afrique, Winston Churchill. Un autre personnage vécut des péripéties encore plus remarquables en Asie, plusieurs siècles auparavant : le vénitien Marco Polo, dont on commémore, le 9 janvier, le sept-centième anniversaire de décès. Son Livre des merveilles (une adaptation illustrée, pour un jeune lectorat, conçue par Enrico Lavagno, vient d’être publiée chez Nuinui cet automne 2023), appelé également Le devisement du monde, fut rédigé en 1296 alors qu’il était en captivité. L’ouvrage a connu un succès immédiat. Un Marco Polo : la fabuleuse histoire, publié en 2023 chez Nathan Jeunesse, fait découvrir aux enfants la vie de cet explorateur qui fut l’un des conseillers de Kubilai Khan pendant près de vingt ans.
Si Marco Polo suscita l’intérêt pour une Chine lointaine, le portugais Vasco de Gama, dont on soulignera le cinq-centième anniversaire de décès le 24 décembre 2024, fit mieux. Près de deux siècles après Marco Polo, il ouvrit pour de bon la route maritime des Indes en contournant le cap de Bonne-Espérance, à la pointe de l’Afrique. Il créa ainsi un grand bouleversement des rapports entre l’Orient et l’Occident. Un Vasco de Gama : légende & tribulations du vice-roi des Indes, paru chez Chandeigne en 2023 , nous fait revivre les péripéties de cet aventurier, que ce soit chez les marchands du Kerala ou auprès des sultans mamelouks d’Égypte, grâce au texte de Sanjay Subrahmanyam.
Aventurier de la mer, il l’était également l’anglo-irlandais Ernest Shackleton, mort en 1922, dont on célèbrera le cent-cinquantième anniversaire de sa naissance le 15 février prochain. Une Incroyable aventure de Ernest Shackleton prisonnier des glaces de l’Antarctique, de Baptiste Massa (Bayard jeunesse), fait découvrir aux jeunes lecteurs l’étonnante odyssée de plus de 400 kilomètres entre 1914 et 1916. Shackleton dû se battre contre les éléments, le froid et la faim, avec son équipage de l’Endurance.
On commémorera aussi, le 26 août, le cinquantième anniversaire du décès d’un autre aventurier, des airs cette fois-ci, l’américain Charles Lindbergh. Devenu extrêmement célèbre en mai 1927 grâce à la première traversée de l’Atlantique en avion et sans escale, entre New York et Paris, le pilote du Spirit of Saint-Louis refit tristement les manchettes, cinq ans plus tard, par le kidnapping de son jeune fils qui donna naissance au Federal Kidnapping Act aux États-Unis.
Une Très joyeuse et très plaisante histoire du gentil seigneur Bayard, le bon chevalier sans peur et sans reproche publiée fit entrer dans la postérité cet irréprochable seigneur français, Pierre Terrail dit « Bayard ». L’histoire fut publiée quelques années après son décès, le 30 avril 1524 (il y aura cinq cent ans), d’un coup d’arquebuse lors d’un combat en Italie.
Il n’était pas tout à fait irréprochable, du moins en affaire, Oskar Schindler, mort il y aura cinquante ans le 9 octobre 2024. Il est toutefois père d’une œuvre lumineuse : le sauvetage de plus d’un millier de Juifs rescapés des chambres à gaz. Cela lui permit d’être enterré, lui, le nazi, « juste parmi les nations », à Jérusalem.
Il réalisa des œuvres lumineuses, mais au cinéma, l’italien Vittorio De Sica. Nous pensons notamment à Un voleur de bicyclette (1948). De Sica est l’inventeur, avec d’autres membres de sa génération, du néo-réalisme, dont on commémorera, lui aussi, le cinquantième anniversaire de son décès, un 13 novembre 1974.
Un autre cinéaste, encore plus légendaire décèdera aussi, vingt-cinq ans plus tard, le 7 mars 1999 : Stanley Kubrick. Il demeure encore possible de se procurer, chez l’éditeur Taschen, ce fantastique album The Stanley Kubrick Archives, une rétrospective en images et en témoignages des treize films de ce génial réalisateur quelque peu paranoïaque.
Il n’était peut-être pas autant célébré de son vivant, mais il fut un grand artisan du cinéma, ne serait-ce que par son Twelve Angry Men (1957) et son Network (1976) (son Faire un film, publié en 2016 chez Capricci, témoigne éloquemment de son professionnalisme), ce Sidney Lumet, réalisateur américain décédé en 2011, dont on soulignera, le 20 juin, le centième anniversaire de naissance.
Elle naissait elle aussi il y a cent ans, un 16 septembre 1924 à New York, l’actrice Lauren Bacall, décédée en 2014. Elle s’incruste à jamais, par sa voix chaude, profonde et sexy, dans notre imaginaire collectif, enjôlant Humphrey Bogart et des millions de spectateurs, en 1944, dans ce To Have and Have Not d’Howard Hawks.
Il envouta lui des milliers de femmes, dont une actrice célèbre comme Catherine Deneuve, l’acteur italien Marcello Mastroianni, mort en 1996, splendide protagoniste des Dolce Vita et Huit et demi de Fellini. Mastroianni naquit lui aussi il y aura cent ans, le 28 septembre, dans le Latium.
Sex-symbol exubérant dans sa jeunesse, notamment par son torride Stanley Kowalski en t-shirt dans A Streetcar Named Desire, devenu « hénaurme » en vieillissant, Marlon Brando, mort en 2004, célèbrera aussi son centième anniversaire de naissance, un 3 avril en 1924 à Omaha au Nebraska.
Sa délicate partenaire dans On the Waterfront (1954), la blonde Eva Marie Saint, à la filmographie réduite, mais consistante (treize films, dont North By Northwest en 1959 et Exodus en 1960) va peut-être, de son vivant, célébrer le centième anniversaire de sa naissance, un 4 juillet 1924 à New York.
La liste demeure longue de ces vedettes du grand et du petit écran dont on souligne les cents ans de leur naissance.
Ajoutons, entre autres, le nom de Lee Marvin, un acteur né un 19 février 1924 à New York, au jeu tout à fait convaincant tant dans le rôle d’un truand odieux (The Man Who Shot Liberty Valance) que dans celui d’un officier décidé (The Dirty Dozen). Volontaire chez les Marines lors du second conflit mondial, blessé au combat en 1944, il a été inhumé, après son décès en 1987, au cimetière militaire national d’Arlington en Virginie.
Né un 16 avril 1924 à Fort Worth au Texas, Fess Parker, décédé en 2010, a réjoui plusieurs générations d’enfants avec son interprétation de Davy Crockett dans les années cinquante et, surtout, lors de la décennie suivante, de Daniel Boone, « celui qui, le couteau à la main, n’a peur de rien ».
Il nous fit remarquablement bien partager son angoisse d’homme ordinaire faisant face, avec terreur, à quelque chose d’extraordinaire dans le Duel d’un Spielberg alors méconnu, ce Dennis Weaver. Mort en 2006, il est également né il y aura cent ans, un 4 juin en 1924 à Joplin au Missouri. On garde aussi un excellent souvenir de ce débonnaire shérif de l’Ouest égaré à New York, qu’il interpréta dans la série des années soixante-dix, McCloud.
Il y aura cent ans, le 21 janvier 2024, naissait Alfred Hawthorn Hill à Southampton en Angleterre. Mort en 1992, celui qui est connu sous le nom de Benny Hill (un hommage au comique Jack Benny) fit rire des milliers de téléspectateurs pendant plus d’une trentaine d’années, de 1955 à 1988. Ils étaient plus de vingt-un millions de gens à se gaver des courses-poursuites, en accéléré sur l’air du Yakety Sax, du Benny Hill Show en 1971 : et ce nombre ne compte que les téléspectateurs du Royaume-Uni !
Le 25 avril 1874, il y aura cent-cinquante ans, c’était non un comédien, mais un inventeur baptisé Guglielmo Marconi, pionnier de la radio et de la télégraphie sans fil, qui naissait à Bologne en Italie. Vous pouvez découvrir le parcours excentrique, tant intime que professionnel, de cet imaginatif personnage dans le merveilleux récit d’Erik Larson (disponible au Livre de poche) : Les passagers de la foudre.
On commémorera finalement, en 2024, le centenaire du décès d’un autre célèbre pionnier : Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine, créateur de la pensée unique. Stéphane Courtois, dans son Lénine, l’inventeur du totalitarisme, dont la réédition est à venir en février chez Perrin, nous rappelle tristement toute l’ampleur perverse de sa trouvaille.
– Christian Vachon (Pantoute), 31 décembre 2023
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