Rebis

Eden Giraud - 8 avril 2024

Rebis présente un récit de sorcière pas comme les autres ! Martino aimerait plus que tout se faire des amis et être accepté par les autres, mais il y a un hic : nous sommes au Moyen-Âge et il est albinos. Les préjugés et superstitions incitent les habitants de son village à le repousser. Pire, son albinisme est considéré comme la marque du diable et tous les malheurs du village lui sont incombés, sans aucun fondement.

Dans un contexte de chasse aux sorcières, la vie de Martino n’est pas de tout repos et son propre père le rejette. Un jour, il rencontre Viviana, une femme vivant à l’écart des villes, à la lisière de la forêt avec ses animaux. Elle est considérée comme une sorcière. Nos deux marginaux vont se lier d’amitié et commencer une nouvelle vie : un nouveau départ abondant de découvertes au contact de la nature, comblé de respect, d’amour, d’amitié et de sororité. Malheureusement, la vie n’est pas un long fleuve tranquille, surtout quand les autres ne veulent pas accepter les différences de notre duo.

Rebis est une BD poignante et touchante par son contexte historique cruel et inhumain des chasses aux sorcières, mais aussi par sa résonance actuelle avec l’acceptation identitaire liée aux genres. Le parallèle entre l’insecte rescapé et Rebis est un symbole fort : notre protagoniste, comme son amie la larve, va évoluer et grandir au fil de sa transition en s’acceptant tel qu’iel est. En acceptant sa différence physique et identitaire, Rebis se découvre et surtout se trouve une famille qui l’accepte.

L’autrice a parfaitement réussi à transmettre l’angoisse de la pression de la société, mais aussi les moments de bonheur et d’évasion des jeux dans la forêt. Par ailleurs, la lecture de ce récit pousse à la réflexion sur la définition même du mot « sorcière ». En effet, ici, nous voyons bien qu’une sorcière représente quelque chose, un comportement ou une différence qui dérange une majorité. Bien que l’origine et les fondements de la haine soient infondés, le côté sombre de l’humanité ressort, pointant ses ressentiments et ses incompréhensions vers un bouc-émissaire : La Sorcière.

J’ai vraiment savouré cette BD qui est une ode à la tolérance et à l’acceptation avec une pointe de magie. Elle aborde aussi les thèmes identitaires de manière sincère, doublé de dessins superbes aux traits fins et délicats de Carlotta Dicataldo. Martino va pouvoir s’épanouir aux côtés d’une personne qui l’accepte et sa découverte d’ellui-même se fait avec une grande tendresse et beaucoup de douceur.

Divulgâcheur plus bas : ne lisez pas plus loin si vous voulez vous garder la surprise !

 

 

 

J’ai malgré tout une question liée à l’identité de notre personnage : est-iel la réincarnation de Beldie ? En effet, la naissance de Martino a lieu exactement au même moment où Viviana et Beldie sont jugées et mises au bûcher. Viviana a « survécu », mais ce n’est pas le cas de sa sœur. D’autant plus qu’à plusieurs moments, Martino a des similitudes avec la disparue.

Qu’en pensez-vous ? Avez-vous lu cette BD ?

BD étrangère

Rebis

Carlotta Dicataldo et Irene Marchesini - Le Lombard

En plein Moyen Age, Martino a eu le malheur de naître albinos. Rejeté par son père, harcelé par les autres enfants du village, il s'enfuit et, en plein coeur de la forêt, rencontre Viviana, une sorcière. Au sein d'une sororité de femmes mises au ban de la société, le jeune garçon grandit et se révèle à lui-même pour tenter d'accepter sa différence face à l'intolérance.

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