Et si le réchauffement climatique dévoilait de sombres méfaits ? Et si l’environnement détraqué devenait complice de ce déséquilibre ? C’est à ces angoisses que nous confrontent les douze nouvelles de Noires Saisons publié chez Alire, au Québec, et en collaboration avec les éditeurs français et suisse l’Aube Noire et le Chien jaune.
Après l’excellent accueil de leur recueil commun Criminelles en 2021, les expertes du « crime au féminin », Ariane Gélinas et Maureen Martineau, récidivent en incluant cette fois un personnage commun à tous les courts récits : le bouleversement climatique. Et comme la crise environnementale est une affaire planétaire, pourquoi ne pas inviter à cette noire aventure littéraire une Suisse, Corinne Jaquet, et une Française, Michèle Pedinielli.
Et de l’Isle-aux-Grues à la Corse, de hameaux perdus à des lacs énigmatiques, les pulsions s’échauffent et la nature crie au secours, dans ces Noires Saisons.
Un lac se vide et démasque un prétendu crime parfait, dans « La vérité sur la Cuvette du Diable » de Corinne Jaquet, tandis que la fonte des glaciers des Alpes devient un instrument de vengeance dans son Jamais deux sans trois.
On tient un concours de bonhomme de neige alors qu’il fait 14 degrés Celsius à une « fête de l’hiver » dans le village méditerranéen de « Cette femme-là » de Michèle Pedinielli, alors que dans un arrière-pays niçois en mode déshydratation, un entrepreneur exalté, voleur d’eau en devenir avec son projet de complexe golfique « créant des emplois », se rend à un rendez-vous fatal dans son « L’Eau qui dort ».
Maureen Martineau nous ressuscite, dans son « Rien n’est jamais fini », la « criminelle » de sa nouvelle « Les Dix », du recueil commun précédent, envoyée « se faire oublier » dans une petite maison beige totalement coupée du continent. À la fin d’un hiver sans neige à Saint-Antoine-de-l’Isle-aux-Grues, elle cherche à attirer l’attention de la romancière à l’aide d’un nouveau méfait, pendant qu’au milieu de la terrible canicule de « La tunique de Nessus », la guide d’une pourvoirie de chasse en bordure de la Batiscan se montre ingénieuse en tentant de mettre un terme au « crapuleux processus créatif » d’un de ses clients.
Enfin, en des contrées boréales tourmentées par des feux de forêts, la fonte de la calotte glaciaire et des glissements de terrain provoqués par le dégel, Ariane Gélinas nous fait rencontrer des adeptes d’activités insolites : des excursionnistes s’engouffrent illégalement dans les sentiers labyrinthiques des lignes à haute tension de l’Hydro (« À l’épreuve du feu ») et des chasseurs d’icebergs servent à la contrebande de drogues (« Lignes de flottaison »).
Quatre plumes, quatre saisons et un total ravissement.
– Christian Vachon (Pantoute), 8 décembre 2024
Noires Saisons
En 2021, Ariane Gélinas et Maureen Martineau présentaient Criminelles, un recueil au fil duquel nous suivions des femmes qui, instigatrices, complices ou témoins, côtoyaient le monde sordide des affaires illicites.
Trois ans plus tard, c’est flanquées de deux complices, les autrices Corinne Jaquet et Michèle Pedinielli – respectivement suisse et française –, qu’elles nous offrent un nouvel aperçu du crime au féminin du Grand Nord québécois aux Alpes suisses, en passant par la Corse et l’Isle-aux-Grues.
Aux femmes que nous croiserons dans Noires Saisons s’ajoutera un « personnage » commun à tous les récits : le réchauffement climatique et les bouleversements qu’il génère.
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