Son odeur après la pluie

Eden Giraud - 30 avril 2024

« Il possède la beauté sans la vanité, la force sans l’insolence, le courage sans la férocité et toutes les vertus de l’Homme sans ses vices. »

– Lord Byron à propos du chien.

Voici l’histoire de l’auteur mêlée à celle d’Ubac, son chien, un récit intime et universel qui résonne en chaque personne ayant déjà partagé sa vie avec un compagnon canin, « le meilleur ami de l’Homme ». Ce témoignage réveille en nous, à la manière d’une madeleine de Proust, nos souvenirs enfouis; tantôt des moments de bonheur intense avec une joie presque enfantine, tantôt les souvenirs les plus douloureux allant de pair avec cette amitié. On se retrouve dans certaines de ces situations et on découvre ce duo soudé.

Ce roman émouvant nous entraîne dans la vie intime de ce duo, puis dans les pensées et réflexions presque philosophiques de l’auteur sur le vivant, les chiens, mais aussi sur l’humain. C’est surtout un hommage saisissant, une histoire d’amour et d’amitié qui transcende les différences liées aux espèces animales. Cet amour d’un humain envers un chien et surtout d’un chien envers un humain dépasse les limites et l’inaudible, le palpable voir l’indicible. Pourtant, c’est avec brio que Cédric Sapin-Defour nous fait vivre ces moments aigres-doux et, surtout, nous replonge dans nos souvenirs. Dans la postface, Jean-Paul Dubois écrit les mots les plus exacts pour définir cette lecture : « Pour ma part, ce texte a aussi réalisé un petit miracle : au fil des pages et des mots déposés, il m’a permis de retrouver le merveilleux bruit de pas de ma chienne trottant dans la maison, la voix de ses conversations nocturnes et surtout, surtout, Son odeur après la pluie. »

Au début de ma lecture, j’ai eu du mal à rentrer dans ce roman : Ubac n’est pas encore là, l’adoption approche à grand pas et nous rencontrons un chiot, un bébé. Sauf que nous avons très bien conscience que ce livre est un hommage, donc que dans le présent il n’est plus. Parfois le vocabulaire utilisé est équivoque et familier. J’ai été déstabilisée par l’alternance entre moments rustres et ordinaires, puis une grande poésie. C’est une rencontre avec un nouvel écrivain pour moi et une nouvelle manière d’écrire, de dire. Voilà ma première impression aux premières pages. Ensuite, j’ai été complètement happée par la lecture, le temps qui passe et je n’ai pas vu ma lecture passer, je n’ai pas vu Ubac grandir et vieillir : comme témoin de leur vie, j’étais une petite souris spectatrice de tout. Certaines pauses étaient nécessaires étant donné l’émotion, les évènements et surtout les souvenirs que rappellent ces moments. Le livre est émouvant bien sûr, mais cette lecture réveille ce qui dort en nous et les émotions qui en ressortent le sont nécessaires à vivre.

Merci à l’auteur pour ce témoignage qui m’a permis de retrouver et de revivre ces instants perdus, les plus beaux comme les plus durs, les plus drôles comme les plus quotidiens, les longues balades, les découvertes fortuites et les petites choses d’ordinaire invisibles aux humains. On y voit aussi la beauté de la vie, la simplicité et la poésie des petits moments qui nous sont révélés avec nos amis canins.

Je n’en dis pas plus, c’est un livre à lire et à vivre. Chaque lecture sera différente, et chaque lecteur·rice y ajoutera ses souvenirs, superposera à sa lecture des versions et des relations différentes; bref, le livre sera différent à chaque fois, ce qui en fait un roman aux infinies possibilités.

Littérature étrangère

Son odeur après la pluie

Cédric Sapin-Defour - Stock

Le récit du lien, unique, surpassant tellement d'autres relations, qui unit l'auteur à son bouvier bernois Ubac.

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