« Oui, nous vivons en surfant sur l’écume de la vie, sans jamais comprendre vraiment ce que c’est que la vie. Jusqu’à ce qu’une vague nous engloutisse ; qu’elle nous broie, qu’elle nous brise, qu’elle nous lâche et nous rejette, pour nous remettre au monde, nu comme un nouveau-né — et tout recommencer, autrement. » (Orianne CHARPENTIER, Après la vague, Paris, Gallimard (coll. « Gallimard Jeunesse »), 2014, p. 9-10)
Voici le message que nous livre Orianne Charpentier dans ce percutant récit de deuil et de détresse, mais aussi de reconstruction et d’espoir. Après la vague, quatrième roman de l’autrice-journaliste publié chez Gallimard Jeunesse en 2014 et récipiendaire du Prix Marguerite-Audoux en 2015, est l’histoire d’une famille frappée par la tragédie du tsunami ayant ravagé les côtes de l’Asie du Sud en 2004. Alors que Maxime et Jade passent la journée sur la plage, les eaux se retirent ; puis vient la vague — une immense vague qui engloutira tout sur son passage. Dans leur fuite désespérée, Jade lâche la main de son frère. Max survit, mais le corps de sa jumelle n’est jamais retrouvé. Pour Max, c’est le début d’un naufrage intérieur. Son cœur est semblable à ces paysages ravagés par l’inondation : enchevêtrement d’arbres déracinés, de toits, de cadavres gonflés d’eau, de nuages d’insectes, de vêtements déchirés, de jouets brisés. Tandis que le temps passe et que ses parents, tout comme son plus jeune frère, réussissent à faire leur deuil, Maxime peine à se défaire de sa colère et de son sentiment de culpabilité.
Écrit dans une langue déferlante où le regard adulte s’estompe pour laisser la place à celui de l’adolescence, avec tout ce qu’il peut comporter d’égarements et d’errances, le roman retrace l’itinéraire du deuil et du traumatisme. Les images sont fortes et, tels les éclats de vague en Maxime, restent longtemps en nous. Véritable invitation à la vie et à l’amour, ce livre nous parvient comme une bouée au milieu de la mer à laquelle nous nous accrochons pour qu’elle nous garde à la surface des eaux.
Aborder la mort, mais aussi toutes tragédies humaines, avec les enfants et les adolescent.es peut parfois être une action délicate, mais ce n’en demeure pas moins une conversation importante, voire essentielle. C’est bien ce que fait ici l’œuvre de Charpentier : elle nous donne les mots pour dire, expliquer, rassurer. Pour que tranquillement, par le biais de la littérature, les flots salés des lames de fond se retirent, comme un retour à la vie.
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