Ces gens qui méritent d’être commémorés au Québec en 2025 : d’un tisserand de mots à un vendeur de journaux

Christian Vachon - 10 février 2025

Vieillot, ce tisserand de mots, Alain Grandbois. Nous commémorons, le 18 mars, le cinquantième anniversaire de décès de ce natif de Saint-Casimir, le 25 mai 1900. Une opinion que conteste Patrick Moreau dans son essai La prose d’Alain Grandbois, ou lire et relire Les Voyages de Marco Polo publié en 2019. Son récit, souligne t-il, ne relève pas « d’un exotisme désuet ». Quelques années plus tôt, en 2012, le même Patrick Moreau, constatant notre dédain de notre littérature, faisait déjà paraître un Alain Grandbois est-il un écrivain québécois ? aux éditions Fides.

Bien connu comme signataire du Refus Global, le peintre et sculpteur Marcel Barbeau, né le 18 février 1925, aurait eu cent ans en 2025. La qualité de son œuvre peut être appréciée dans le Marcel Barbeau : En mouvement des Publications du Québec paru en 2018. Sa petite fille, Anaïs Barbeau-Lavalette, a également abordé quelques aspects de la vie intime, notamment le traitement de ses enfants, de cet artiste sous forme d’une fiction dans La femme qui fuit.

Il campait bien la droiture, tant par son capitaine Aubert de Cap-aux-Sorciers, que son Xavier Galarneau, gardien du patrimoine dans L’héritage, le comédien Gilles Pelletier. Il est né il y a cent ans, le 22 mars 1925, à Sainte-Jovite. Montant sur les scènes de théâtres dès 1945, marié à Françoise Gratton et frère de Denise Pelletier, il est décédé le 5 septembre 2018.

Vedette adorée du public dès les années cinquante, dans son rôle du Survenant à la télévision canadienne naissante et au célèbre patois « Neveurmagne », Jean Coutu aurait eu cent ans, lui aussi, le 31 mars 1925. Le comédien, décédé en 1999, sera redécouvert par une nouvelle génération de téléspectateurs en présentant les Dossiers mystères à TQS au début des années 90.

Que ce soit par son Tadore Bouchonneau des Belles histoires des Pays-d’en-haut ou par son Flamand Bellavance de Cormoran, René Caron, également né il y a cent ans, le 1er décembre 1925, et mort en 2016, parvenait toujours à susciter la sympathie du public par sa bonhomie.

Cent ans aurait eu aussi, le 17 mai, cet icône de la télévision radio-canadienne des années 1960 et 1970, présentateur si distingué et à la diction parfaite des deux ou trois volets des Beaux dimanches, Henri Bergeron, mort en l’an 2000. Ce natif du Manitoba qui n’hésita pas à prêter sa voix pour célébrer les exploits des compagnons de Robin fusée, avait pour frère Léandre Bergeron qui donna, dans un Dictionnaire de la langue québécoise, ses lettres de noblesse au joual.

La réputée communicatrice Janette Bertrand va célébrer de son vivant, du moins, nous l’espérons, son centenaire de naissance le 25 mars de notre année 2025. Après nous avoir raconté sa vie de battante, soucieuse du sort de ses contemporaines, dans son Ma vie en trois actes (réédité chez Libre Expression en 2023), elle nous offrait, dans son Cent ans d’amour, toujours chez Libre expression, sa vision de la vieillesse « ainsi que ses réflexions sur l’âgisme ». Le même éditeur a profité de l’occasion pour rééditer également les mémorables Recettes de Janette des années soixante.

Rita Bibeau. Source : IMDb.

Une autre pionnière de la télévision québécoise – elle débute dans La pension Velder en 1957 – , Rita Bibeau va peut-être, le 31 juillet, souffler les cent bougies de son gâteau d’anniversaire. Elle est connue pour son rôle mémorable de mère de famille prévenante dans le très populaire téléroman des années soixante-dix Les Berger de Marcel Cabay.

Le Claude Ryan, un éditorialiste dans le débat social de Pierre Pagé, publié chez Fides en 2011, nous fait priser la carrière de ce directeur du Devoir de 1964 à 1976, un homme aux profondes convictions chrétiennes, dont nous commémorons, le 26 janvier, le centenaire de naissance.  Dans « tous les conflits et toutes les questions de société », il faisait valoir, devant les pouvoirs, « le droit d’une parole libre pour tous ». Et il faisait preuve d’audace, notamment lors de la Crise d’octobre 1970. Guy Lachapelle nous le conte dans son Claude Ryan et la violence du pouvoir : Le Devoir et la Crise d’octobre 1970, ou  le combat de journalistes démocrates, publié aux Presses de l’Université Laval, alors qu’il se dresse contre les mesures gouvernementales, faisant même alliance avec René Lévesque. Son bref passage à la tête du Parti libéral provincial, perdant l’élection de 1981, fut toutefois des plus plus lamentables, mais il fut, par la suite, bon soldat : un gestionnaire efficace du ministère de l’Éducation, puis des Affaires municipales du nouveau gouvernement Bourassa.

Denis Lazure s’est attelé à réformer les institutions médicales dans les années 50, fondant entre autres le département de psychiatrie infantile de l’hôpital Sainte-Justine, avant de bonifier notre société lors des années 70 en créant l’Office des personnes handicapées du Québec, alors qu’il est ministre des Affaires sociales dans le premier gouvernement de René Lévesque. Il est né, lui aussi, il y a cent ans, un 12 octobre 1925, à Napierville. Souverainiste convaincu – il démissionne même du Parti québécois en 1984, lors de l’épisode du « beau risque » de René Lévesque – père de la comédienne Gabrielle Lazure et mort en 2006, il nous contait ses souvenirs dans ce Médecin et citoyen publié chez Boréal en 2002.

Né également il y a cent ans, un 25 avril 1925 à Sainte-Foy, Louis O’Neill, théologien et philosophe formé à l’Université Laval, souhaitait changer nos mœurs démocratiques en dénonçant l’immoralité politique dans la province de Québec dans les années cinquante. Militant indépendantiste, il fut le premier ministre des Affaires culturelles et des communications du gouvernement Lévesque.

Défait par Robert Bourassa en 1969, lors de la course à la chefferie du Parti libéral provincial, et défait par Joe Clark en 1976, lors de la course à la chefferie du Parti conservateur fédéral, l’ambitieux Claude Wagner, également né il y a cent ans, à Shawinigan, n’a pu guère mettre en valeur son leadership. Ce ministre de la Justice, sous le gouvernement Lesage, est décédé en 1979.

Du succès, il en a accumulé, par contre, Pierre Péladeau, fondateur de l’empire Québécor, dont on commémore, le 11 avril, le centenaire de la naissance. Cet étudiant en philosophie et en droit de l’Université McGill et de Montréal, décédé en 1997, jamais avare de propos percutants sur les tribunes publiques, se fit le meilleur propagandiste de son approche du travail, le K.I.S.S.! :  « Keep It Simple Stupid! ».

– Christian Vachon (Pantoute), 9 février 2025

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