L’histoire m’a toujours intéressée. Pas celle qu’on apprend à l’école, avec ses dates à retenir par cœur (oui, oui, je sais que Christophe Colomb a « découvert » l’Amérique en 1492, que Québec a été fondée en 1608, que la Conquête a eu lieu en 1759 et que l’Accord du Lac Meech fait suer les Québécois·es depuis 1987) et ses personnages importants plus insoutenables les uns que les autres. Ce qui m’intéresse, c’est l’histoire des gens, de celles et ceux qui forment ce qu’on pourrait appeler « le petit peuple ».
J’adore que ma grand-mère ou ma grand-tante me raconte l’achat de la terre familiale en Gaspésie, les défis auxquels a fait face cet aïeul lointain, au nom presque oublié, qui a défriché ce coin de paradis au bord de l’eau. Je me plais à écouter des vidéos qui détaillent ce que les gens portaient pour rester au chaud lors des hivers affreusement froids des siècles derniers ou, encore, de quels tissus se vêtaient nos ancêtres habilis, erectus et neanderthalensis. Le règne de Toutankhamon m’intéresse peu, mais son amour des canards me touche. Je me demande à quels jeux jouaient les enfants de ces peuples nomades qui ont traversé les continents pour finalement faire de la terre entière leur maison.
Dans cet élan d’appréciation pour notre histoire collective, dans son quotidien le plus simple, je me suis intéressée aux livres qui nous présentent cette discipline fascinante de façon quelque peu décalée. Voici donc mes recommandations de lecture pour celles et ceux qui souhaitent s’imprégner des grands et petits moments de notre histoire !
Autour du poêle à bois
Dans ce livre drôle et franchement savoureux, Catherine St-Laurent (alias Matante Poêle) nous raconte ses anecdotes historiques préférées, le tout dans notre beau patois. Jamais joual et Empire romain n’ont fait si bon mélange ! Les anecdotes choisies couvrent un large spectre spatio-temporel : du Japon féodal jusqu’aux côtes gaspésiennes en pleine Deuxième Guerre mondiale, aucune partie de l’histoire n’est épargnée. Les tableaux qui accompagnent les histoires racontées sont complétés de phylactères au ton tout aussi informel et humoristique que la narration de Matante Poêle. Sous nos yeux, les personnages historiques, lointains et sans visage, prennent vie : ils discutent entre eux comme nous le ferions avec nos ami·es, gagnant ainsi une dimension profondément humaine, mais aussi caricaturale. Cette rencontre donne naissance à des moments de lecture exquis ! Ce petit livre se lit aussi bien d’une traite que par petites bouchées, une anecdote à la fois. Il est parfait pour celles et ceux qui veulent en apprendre un peu plus sur la grande Histoire de l’humanité sans toutefois se prendre trop au sérieux. Bref, si vous cherchez une lecture qui se veut informative sans être complexe, voici le livre parfait pour vous !
The Encyclopedia of the Weird and Wonderful
Pour cette prochaine suggestion, je me permets de me tourner du côté de la littérature anglophone. Milo Rossi, scientifique environnemental, archéologue et vulgarisateur scientifique, nous présente un petit livre des plus sympathiques. Dans son « encyclopédie de l’étrange et du merveilleux », l’auteur nous partage ses anecdotes préférées en lien avec l’archéologie. L’auteur couvre une période beaucoup plus large que Catherine Saint-Laurent, plongeant dans la préhistoire et se rendant pratiquement jusqu’à notre ère contemporaine. Ses chapitres sont divisés en grandes thématiques qui font écho au cycle de vie humaine : son premier chapitre se concentre autour de l’enfance et de la parentalité, puis son dernier, autour des rites funéraires, nous transportant de notre naissance et de nos premiers pas à notre dernier souffle. Entre les deux, il aborde les sujets qui occupent notre quotidien comme l’habillement et le travail, mais aussi le divertissement, la nourriture, l’amour et la sexualité. La force de son livre est de contextualiser les découvertes archéologiques d’une façon qui met en lumière la vie de tous les jours de nos ancêtres lointains. Tout d’un coup, les hommes et les femmes préhistoriques ne nous semblent pas si éloigné·es de nous-mêmes. Nous constatons que l’humanité partage les mêmes questions et inquiétudes depuis longtemps, mais aussi les mêmes instants de bonheur, de beauté et d’amour. Il y a quelque chose d’extrêmement touchant à l’idée que des parents aient porté leurs enfants sur leurs épaules afin de dessiner sur le plafond d’une grotte, le tout dans le simple but de les amuser et de satisfaire les pulsions créatrices de leurs petits. Même plusieurs dizaines de milliers d’années avant nous, les humains appréciaient la beauté et le plaisir de l’art. Celles et ceux qu’on croyait insensibles à ces préoccupations esthétiques et ludiques, trop occupé·es à survivre, nous prouvent tout le contraire. J’avoue aussi avoir versé une larme (ou plusieurs) en voyant la tendresse qui était réservée aux animaux, plusieurs chiens ayant eu droit à un enterrement en bonne et due forme, avec des offrandes de la part de leurs maîtres. De savoir que des gens qui avaient absolument besoin de certains outils pour survivre étaient prêts à s’en départir pour les laisser dans le lieu de repos éternel de leur compagnon à quatre pattes, en guise de reconnaissance pour ses bons et loyaux services, mais aussi en symbole de l’appréciation voire de l’amour qu’ils portaient pour lui, est quelque chose d’absolument magnifique.
Malgré les anecdotes parfois courtes, qui nous laissent sur notre faim, ce livre réussit son pari avec brio. Rossi nous démontre que l’humanité, de ses tout débuts à aujourd’hui, n’a essentiellement pas changé, que nous avons toujours été des êtres à la recherche de beauté, de divertissement et d’amour. Il y a quelque chose de magnifique et de réconfortant à trouver une trace de soi chez nos ancêtres d’il y a si longtemps. Il est surtout touchant de savoir que leurs petites histoires du quotidien résonnent encore avec nous aujourd’hui, que même si leur nom et leur visage ont été oubliés, leur passage sur Terre nous accompagne toujours.
(Ce livre est disponible sur commande ! Pour procéder à une telle commande, veuillez appeler la succursale de votre choix.)
L’histoire ne s’arrête pas là
Nous revenons plus près de chez nous avec ce livre d’André Martineau. Inspiré du balado du même nom présenté sur Radio-Canada Ohdio, ce livre retrace des épisodes méconnus de l’histoire du Québec. Parfois plus légers et drôles et autrefois plus sérieux et lourds, les textes font état de faits oubliés, parfois mystérieux, qui ont pourtant façonné la province telle que nous la connaissons aujourd’hui. Le regard d’anthropologue de l’auteur donne au livre un ton tout à fait unique et informateur, tout en restant accessible. C’est une lecture franchement fascinante, qui nous plonge dans un décor connu – dans nos villes, nos campagnes, nos rues – mais qui conserve une touche d’étrange. Nous découvrons des faits tout à fait inusités qui se sont toutefois passés chez nous. Si vous souhaitez être surpris·e et déstabilisé·e de la plus merveilleuse des façons, ce livre est fait pour vous !
Les pires moments de l’histoire
Nous finissons cette liste avec une bande dessinée elle aussi tirée d’un balado présenté sur Ohdio ! L’animateur Charles Beauchesne nous y raconte les anecdotes historiques les plus savoureuses qui, au lieu de terminer en glorieuse victoire, ont souvent donné des résultats plus que moyens. Le texte ne se prend jamais trop au sérieux malgré les sujets parfois difficiles qui sont abordés, comme l’assassinant de l’archiduc Franz Ferdinand qui a mené à la Grande Guerre, et on ne peut s’empêcher de rire, même si des moments tragiques nous sont présentés. Les dessins plutôt cartoonesques et bons enfants participent à ce ton léger et humoristique : le choix de Xavier Cadieux pour les illustrations est définitivement le bon, son style se mariant à la perfection au texte, qui est d’ailleurs du Beauchesne à son meilleur. Le mélange d’humour, de tragédie et d’informations saugrenues fait de cette bande dessinée un incontournable pour tous·tes les féru·es d’histoire, mais aussi pour celles et ceux dont l’intérêt est plus tourné vers le fait littéraire et la BD. Ce petit livre passe-partout saura certainement plaire à un public large, initié ou non aux moments les plus bizarres de notre épopée humaine !
Je vous souhaite donc une excellente découverte de ces ouvrages et une heureuse rencontre avec l’univers parfois déjanté, mais toujours ancré dans la réalité, de ces auteur·rices de talent !
Autour du poêle à bois
Venez vous asseoir, on part une attisée! Prenez le temps d’écouter Matante Poêle vous raconter sans façon des bouttes de l’Histoire avec un grand H.
Matante Poêle manie l’humour et la langue du terroir aussi bien que son tisonnier. Quand elle s’y met, c’est comme si les héros de l’ancien temps retontissaient devant nous!
Elle fait revivre des personnages remarquables comme Léo Major, Olga de Kyïv ou la métisse Madame Montour, et aussi des nonos comme l’espion poche de New Carlisle et les zozos de l’île Inaccessible.
Les pires moments de l'histoire
Les pires moments de l’histoire, c’est d’abord le très populaire podcast comico-historique de l’humoriste Charles Beauchesne. Ce livre éponyme en est une adaptation en bande dessinée qui rassemble certaines capsules réalisées dans le cadre de l’émission La soirée est encore jeune, diffusée à Radio-Canada.
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