Elles sont des amoureuses du crime, conçoivent, depuis des années, leurs sombres desseins dans l’univers du polar québécois, l’une par l’entremise de l’enquêtrice de l’Outaouais Judith Allison, l’autre en nous confrontant à l’étrangeté, là «où l’horreur répond à l’horreur ».
Elles se croisent dans les salons littéraires, s’apprécient, découvrent, malgré leur style propre, qu’elles partagent certaines choses en commun : un goût grandissant pour la nouvelle policière « et les expérimentations multiples qu’elle permet », ainsi qu’une propension à camper des histoires « en régions », en milieux ruraux.
« Pourquoi pas s’unir », songent alors Maureen Martineau et Ariane Gélinas, « pour concocter nos plans crapuleux ? ».
Elles rédigent donc un recueil de nouvelles à quatre mains, ayant pour cadre nos forêts québécoises, un recueil dressant une toponymie du crime, avec des escales en Chaudière-Appalaches, en Gaspésie, en Estrie ; un recueil où, dans tous les récits, il y a des femmes meurtrières, des femmes complices, des femmes victimes ; un recueil, enfin, s’inspirant du calendrier sélène, des passages, entre janvier et décembre, des différentes phases de la lune.
Cela donne, publié aux éditions québécoises Alire, Criminelles, des « promenades forestières au féminin pluriel », rassemblant treize nouvelles (car certaines années comptent une lune perdue, une treizième apparition de l’astre), six de Maureen, six d’Ariane, plus une, Népenthès, où elles unissent leur plume. Des nouvelles, donc, s’ancrant profondément dans nos régions du Québec, où on s’enfonce dans un champ de maïs, sur le bord du Richelieu (Cinq compagnes pour la cigale), ou en pleine taïga, entre Chibougamau et Lebel-sur-Quévillon (Au-dessus de la montagne) ; des nouvelles mettant en scène des naufrageurs de la route (Au-dessus de la montagne), une livreuse de poupées sinistres (Lapin blanc), une couleuvre rédemptrice ( Le Contrat) ; des nouvelles où les femmes, flouées par la justice traditionnelle, exercent une vengeance lente et horrible (Les dix), où une mère, trop protectrice, en vient à détruire la mémoire de son enfant (Népenthès).
Si une nuit de pleine lune ne vous donne pas froid dans le dos, vous adorerez, vous-aussi, croiser, au milieu d’une forêt de la Mauricie, Marie-Ève, la tueuse à gage à l’âme tordue (Le Contrat de Maureen Martineau), ou cet arbre, d’un sous-bois des environs de Trois-Rivières, dévoreur de métal et d’enfants disparus (Cœur-résine d’Ariane Gélinas).
On ne sort pas tout à fait indemne de ces treize escapades dans nos noires forêts québécoises.
Criminelles
Nous souhaitions, dans ce recueil, cartographier le Québec et, par-delà, proposer des escales tant en Gaspésie qu’en Mauricie, en Chaudière-Appalaches et dans le Bas-Saint-Laurent. Continuer à élaborer une toponymie du crime... ... dans toutes les nouvelles, des femmes seraient mêlées à des méfaits de différentes manières, les « signeraient » ou en seraient parfois les témoins.
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