Sombre automne d’Edmonton

Christian Vachon - 9 juin 2025

L’Ouest canadien n’a franchement rien d’emmerdant dans L’Automne de la disgrâce (une traduction de Fall from Grace paru en 2011) de l’écrivain albertain Wayne Arthurson, sombre histoire où ça brasse qui a été publiée en format poche chez l’éditeur lévisien Alire.

Leo Desroches, journaliste aux faits divers de l’Edmonton Journal, veut savoir. Il veut savoir pourquoi une série de disparitions de femmes autochtones ne suscite guère l’attention des corps policiers : « Un Indien mort, ça arrive tout le temps. » Il veut savoir pourquoi ces jeunes filles « au mode de vie à haut risque » doivent se tenir loin d’un pick-up jaune.

Cette quête de vérité du reporter, lui permettant de découvrir de douteux liens entre la police et les travailleuses du sexe, se double d’un combat intérieur, d’une mission intime. C’est que, depuis près d’une dizaine d’années, Leo Desroches est « un type complètement foutu, dans un monde complètement foutu », un ex-gambler compulsif qui tente de survivre au naufrage de son mariage, à l’abandon de ses enfants et à la perte de son estime de soi. Et lorsque ça commence « à péter en dedans », il commet des braquages de banque.

Mais lorsqu’on atteint le fond, on n’hésite plus à se jeter dans la merde. Il ne lâche pas prise dans cette enquête à haut risque, plaçant en péril sa carrière de journaliste en mettant en accusation l’entière structure de commandement du service de police d’Edmonton, trouvant même l’occasion de renouer avec ses racines, lui qui est à moitié cri par sa mère, en dévoilant la vraie nature de l’autochtone urbain d’Edmonton.

Dans cette histoire de réinvention, de seconde et même de troisième chance d’un être en marge, Wayne Arthurson nous fait apprécier des aspects fort inattendus des prairies canadiennes. Les automnes d’Edmonton, en dépit des couleurs dominantes grises et brunes, n’ont rien de ternes.

 – Christian Vachon, Pantoute, 8 juin 2025

Roman policier

L'Automne de la disgrâce

Wayne Arthurson - Alire

ous voulez voir le corps ? Quand l’inspecteur Whitford fait cette proposition à Leo Desroches, le journaliste hésite. Pourquoi diable ce policier d’Edmonton l’amènerait-il sous la tente érigée par les techniciens en scène de crime au beau milieu de ce champ agricole ? Mais quand il pose les yeux sur le corps frêle, Leo comprend : il s’agit d’une jeune Autochtone. À l’époque, fort d’un tel scoop, Leo aurait fait un détour par le casino avant de filer au journal. Mais comme il a déjà tout perdu – famille, boulot, maison, estime de soi… – et que Larry Maurizo, qui connaît son triste passé, vient tout juste de l’embaucher, Leo résiste à ses anciens démons.. Bien entendu, Larry est enchanté par la primeur et, quand Leo lui apprend que Grace – la police a entretemps identifié le corps – serait la plus récente d’une série de disparitions de femmes des Premières Nations, le rédacteur en chef lui demande d’assurer le suivi de l’histoire, mais désormais à titre de « reporter aux affaires autochtones » du Edmonton Journal. Après tout, Leo n’est-il pas, malgré la pâleur de sa peau et ses cheveux roux, à moitié d’origine crie ? Acceptant sans enthousiasme sa « promotion », Leo entend néanmoins mener à bien sa mission. Or, pour cela, il devra renouer avec ses racines… et assumer son passé. Pour le meilleur et pour le pire !

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