Un nouveau thriller sulfureux du maître de l’angoisse Steve Laflamme

Il aime bien bousculer ses lecteurs Steve Laflamme, les amener au bord d’un précipice où, au moindre faux pas, ils risque de s’enfoncer « dans un monde pourri jusqu’à la moelle ».

 Son troisième thriller (après Le chercheur d’âme et Sous un ciel d’abime, tous publiés aux éditions de l’Homme) Sans la peau, nouveau rendez-vous, ponctué d’angoisse, avec le sordide, l’insoutenable, débute au quart de tour par une tentative d’enlèvement, à Montréal, d’une fillette ayant pour nom Arisha Nikolaïeva, une occasion, gracieuseté de l’auteur, qui a investiguer à fond le sujet, de faire connaissance avec l’un des acteurs majeurs de la scène criminelle montréalaise, la mafia russe, une organisation féroce, endurcie dans les goulags, qui, après avoir dévalisé la Russie, jette son dévolu sur le reste du monde.

Le rapt, raté, de la bambine, et la découverte, dans un conteneur, au port de Montréal, d’un ressortissant russe, inquiètent la GRC qui fait appel, en « freelance » à Xavier Martel, « une bonne police », héros des deux récits précédents de Steve Laflamme, pour découvrir ce qui se trame au sein de ce dangereux syndicat du crime, une mission pas de tout repos pour l’ex-détective de la Sûreté du Québec, en lutte, déjà, avec ses propres démons, notamment un cadavre encombrant dénommé Ritchie Provost.  Face à lui, se dresse un parrain montréalais de cette mafia russe qui prend un malin plaisir, à l’aide d’un ami chirurgien, à dépouiller la peau du visage de ses traîtres et adversaires.

Nous sommes gorgés d’images fortes, défiant notre taux d’endurance,  dans ce prenant suspense nous promenant de la métropole, à la rive sud de la Capitale nationale, jusqu’aux espaces lointains du Nord québécois.  S’aventurant plus loin qu’un Patrick Senécal sur le terrain du tordu et de l’insolite, pratiquant une écriture dans des « tons de noir sur noir » (avec de fréquentes touches rougeâtres de chair mise à vif),  Steve Laflamme peut même se vanter de rendre jaloux un scénariste de Saw ne serait-ce que par l’imagination que fait preuve l’un de ses personnages, Pavel Koshin « Le Couturier », dans les supplices infligés.

Je vous laisse le découvrir.  Vous allez être « suspendu » d’horreur.

Du récit « coup de poing », « trash » qui s’assume.  Steve Lafllamme, par son style décomplexé et audacieux, s’impose et se distingue dans l’univers ronronnant du roman policier québécois.