Quoi de mieux que du bizarre, du tordu, de l’inattendu, pour susciter l’attention du lecteur ! Sylvain Daignault le sait bien, et le succès de son Québec insolite de l’an dernier, avec son inventeur montréalais du beurre d’arachides, sa bombe atomique lancée près de Rivière-du-Loup, et ses épidémies de vols de cadavres au XIXe siècle nous en livre un constat flagrant.
Depuis, des dizaines de personnes enthousiastes ont inondé l’auteur d’autres bonnes histoires : des récits de naufrages meurtriers, de sorcelleries, de tristes destins, de réalisations emblématiques d’une exposition exceptionnelle.
Sans plus tarder, dès cet automne 2022, Sylvain Daignault nous fait partager ces remarquables trouvailles (plus d’une quarantaine !), dans ce deuxième tome de Québec insolite, publié chez Broquet. En trois ou cinq pages, toujours bien illustrées, on y croise un monseigneur de Laval pratiquant un exorciste (octobre 1661 : « Daniel Vuil, premier sorcier de la Nouvelle-France ? »), un criminel pendu sur un radeau, face à Québec (automne 1663 : « Le Conseil souverain de la Nouvelle-France défié par un capitaine), un pécheur hanté par le souvenir d’actes de cannibalisme commis à la suite d’un naufrage sur l’île d’Anticosti (1828 : « L’horrible naufrage du navire Granicus à l’île d’Anticosti) ; où on s’attriste du terrible bilan des incendies de l’hospice Sainte-Cunégonde (1951 : « 35 morts à l’hospice Sainte-Cunégonde) et du Blue Bird, « le pire incendie criminel au Canada » (1er septembre 1972 : « Blue Bird : « Un geste stupide cause la mort de 37 personnes »), à Montréal ; où on s’épate de ce spectaculaire vol de tableaux, au Musée des Beaux-Arts de Montréal, dont les auteurs courent toujours (nuit du 3 au 4 septembre 1972 : « Une nuit au musée payante pour d’audacieux voleurs ».
Certes, quelques récits, où le fil québécois est parfois à peine tenu, emballent peu, ne suscitant qu’un bref « Ah bon ! ». Tels cet argent confédéré blanchit dans une banque montréalaise (octobre 1864 : « Maire de Montréal et banquier des États confédérés ») ; ce Thomas Neill Cream, suspecté être Jack l’Éventreur, alors qu’il était en prison au moment des meurtres (septembre 1876 : « Jack l’Éventreur a-t-il fait sa médecine à Montréal ») ; cette ligne de chemin de fer, créée entre Montréal et New York, servant à l’auteur de prétexte à un publi-reportage de quatre pages sur un musée ferroviaire de la Montérégie (janvier 1918 : « Delson : une compagnie ferroviaire à l’origine de son nom ») ; ces carrières, plus ou moins mémorables, de la comédienne Norma Shearer et de son frère Douglas, preneur de son, l’un et l’autre nés à Westmount (1930 ; « Frère et sœur récompensés lors de la même cérémonie des oscars ! ») ; ou de cet acteur du film Freaks, dont le seul aspect insolite québécois fut d’avoir été repéré, en 1931, à Montréal, lors d’une exposition (1932 : « La vie étonnante de Johnny Eck, vedette du film Freaks »).
D’autres histoires indifférentes, ayant maintes et maintes fois été relatées : la conquête de la coupe Stanley par les Bulldogs (1913 : « Québec remporte la coupe Stanley ») ; l’étudiant montréalais provoquant le décès de l’illusionniste Houdini (1926 : « Un étudiant de McGill a-t-il causé la mort de Houdini ? ») ; ou cette histoire d’empoisonnement qui va mener à la disparition de la bière Dow (printemps 1966 : « Dow, ou comment une brasserie peut disparaître en quelques semaines »).
Mais il sera toujours profitable de se rappeler qu’un terrible tremblement a frappé, il y a plus de trois cents ans, le Québec (février 1663 : « Tremblement de terre en Nouvelle-France : un signe divin ? ») ; qu’un athlète québécois, dès les premiers Jeux olympiques modernes, a su performer (septembre 1904 : « Étienne Desmarteau : un champion au nom aptonyme ! ») ; et que la plus grande comédienne de son temps fut, victime d’une campagne de boycottage du clergé local, accueillie par des huées à Québec (décembre 1905 : « Sarah Bernhardt conspuée à Québec »).
Fort navrante, aussi, cette histoire des 48 wagons de l’Expo Express, le métro de surface de l’Exposition universelle de Montréal (à ne pas confondre avec le Minirail), terminant leur vie, rouillés, au milieu d’un champ, près de Valleyfield (avril 1967 : « Le bien triste destin de l’Expo Express) ; ou de cette Biosphère de Buckminster Fuller devenant la proie des flammes (20 mai 1976 : « Symbole de l’Expo 67, l’ancien pavillon des États-Unis transformé en boule de feu »). On sourit, toutefois, en apprenant que ces vestiges de l’Expo deviennent des décors de films, ou de séries de télévision américaines (1978 : «Battlestar Galactica sur l’île Notre-Dame ! »).
Les luttes sociales ne datent pas d’hier, nous enseigne finalement Sylvain Daignault. Deux à trois cents personnes descendent dans les rues de Montréal, au début du XVIIIe siècle, pour contester la hausse du prix du sel (18 novembre 1704 : « Le prix du sel provoque des manifestations à Montréal »). Et comment ne pas être choqué par les conditions de travail, au début des années 1900, des ouvrières de la Eddy’s Matches, à Hull, mises en contact constamment avec des produits nocifs (mai 1914 : « Quand un drame familial contribue à l’amélioration des conditions de travail des allumettières à Hull).
Avouons-le, sans hésiter, ce second tome de Québec insolite est tout aussi instructif que ludique.
Québec insolite tome 2
Québec Insolite, tome 2 vous fera découvrir des événements surprenants et des moments insolites de l’histoire du Québec. Si plusieurs de ces événements ont fait couler beaucoup d’encre à leur époque, d’autres sont à peine connus. Rédigées dans un style dynamique, certaines de ces histoires vous feront sourire. D’autres au contraire vous donneront froid dans le dos.
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