Il y a 150 ans, un 8 avril 1872, décède l’artiste peintre Cornelius Krieghoff un divin illustrateur de la vie quotidienne du Québec d’antan. Le Musée national des beaux-arts du Québec a regroupé, sous le titre Cornelius Krieghoff, dans sa collection destinée aux jeunes lecteurs «Première rencontre », quinze tableaux de ce créateur. Dans Le secret d’Edmond, publié également, en 2006, par le Musée national des beaux-arts du Québec, l’écrivaine Chrystine Brouillet nous livre un conte inspiré par l’univers visuel de ce paysagiste, déserteur de l’armée américaine qui s’est réfugié au Bas-Canada dans les années 1840.
Il y a 100 ans à Louiseville, naît la romancière Madeleine Ferron. Mariée, en 1945, au juriste et militant socialiste d’origine beauceronne Robert Cliche, ils porteront ensemble un regard plein de piquant sur les habitants de cette région du Québec dans Les Beaucerons, ces insoumis. À son décès en 2010 l’autrice lègue une vaste correspondance avec son mari Robert ainsi qu’avec son frère et sa sœur Jacques et Marcelle Ferron. Ces échanges épistoliers, témoignages précieux sur les transformations sociales et culturelles du Québec de l’après-guerre, ont été édités en trois volumes, chez Leméac : Une famille extraordinaire : correspondances T.1 : 1946-1960 ; Le Québec n’est pas une île : correspondances T.2 : 1961-1965 ; Le monde a-t-il fait la culbute, correspondances T.3 : 1966-1985. Le droit d’être rebelle : correspondance de Marcelle Ferron avec Jacques, Madeleine, Paul et Thérèse Ferron, édité en 2016, chez Boréal, nous offre un autre éclairage intime sur cette « famille exceptionnelle ».
Il y a 100 ans, un 22 avril 1922, un autre esprit rebelle voit le jour : Pierre Gauvreau. Artiste peintre signataire du Refus global, qui, en pleine ascension, bifurque vers le monde des communications, devenant scénariste, puis réalisateur à Radio-Canada, il conçoit cette série si adorée des Québécois et Québécoises dans les années 80 : Le temps d’une paix (prolongée, par la suite, par Cormoran et Le volcan tranquille). L’essai d’Hélène Dionne, Pierre Gauvreau, passeur de modernité (chez Fides, en 2013) révèle comment cet homme, mort en 2011, a proposé en mots et en images une lecture nouvelle de l’histoire sociale et artistique du Québec.
Un 9 juin 1922, naît un autre brillant intellectuel qui chemine, lui-aussi, désireux de rejoindre un vaste auditoire, vers l’univers de la télévision. Biochimiste de formation, Fernand Seguin se consacre, à plein temps, dès la fin des années quarante, à un rôle de vulgarisateur scientifique à Radio-Canada. Il anime, de 1965 à 1970, une émission, Le Sel de la semaine, où il dialogue avec de grandes personnalités d’ici ou d’ailleurs. Une brève biographie, par Jacques Lamarche, de ce grand communicateur, Fernand Seguin est disponible, depuis 1998, chez Lidec.
Soyons éternellement reconnaissants au sympathique artiste, Michel Noël, de nous avoir follement amusé avec son personnage du Capitaine Bonhomme. Né Jean-Noël Croteau, il y a 100 ans, un 22 septembre 1922 à Québec, il a su confondre, à la télévision, jusqu’à sa mort en 1993, jeunes et moins jeunes avec ses récits aux rebondissements aussi invraisemblables que loufoques.
Enfin, il y a 25 ans, un 10 août 1997, près de Kuujjuaq, un Cessna s’écrase, mettant tragiquement un terme aux vies riches et intenses de ces deux amoureux : la comédienne Marie-Soleil Tougas et le cinéaste Jean-Claude Lauzon. Micheline Bégin, mère de l’artiste, aimée de tous pour sa vivacité, nous a dévoilé dans Marie-Soleil Tougas : la vie… comme une gourmandise (ouvrage malheureusement épuisé aux éditions La Semaine) les côtés méconnus de cette jeune femme. Nathalie et André Petrowski, dans Jean-Claude Lauzon, le poète (titre également indisponible aux éditions Art Global) nous révèlent la relation tumultueuse de leur famille avec le talentueux, mais arrogant jeune homme à la créativité débridée.
Le Québec n'est pas une île. Correspondances 2 :1961-1965
Parfois je me dis qu'il n'est pas aussi plaisant que je le prévoyais de vivre en un siècle de transformation. Tu marches le premier de ta race dans la brousse. Ah, c'est beau, c'est édifiant. Mais comme était moins fatiguante la trace des ancêtres battue comme un chemin de vaches !"Jacques Ferron, avril 1962"Bref, il y a beaucoup d'excitation. Restons froids, veux-tu. Si nous avons cette ambition que l'on nous prête, c'est avec une tête reposée que nous dompterons les "Autres". Achetons-nous des bottines de feutre, me disait mon ami l'habitant, ils ne nous entendront point venir et on pourra mieux les "canter"."Robert Cliche, février 1964Il s'élève entre les générations une clôture de plus en plus haute. Nous serons de plus en plus responsables des années où nous aurons vécu. Et les jeunes de plus en plus s'autorisent à penser qu'ils ont en eux tous les génies... qui n'éclatent pas parce que les vieux sont assis dessus."Madeleine Ferron, avril 1964.
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