Quoi de plus sympathique, de réjouissant, de tonique que ce D’autres histoires à dormir dehors de Jonathan B. Roy, le deuxième tome de son périple planétaire publié chez Vélo Québec ?
Après avoir parcouru 18 000 kilomètres à vélo en quatorze mois, Jonathan B. Roy prend une pause de quelques semaines en Malaisie. Il se repose, mais pense aux collines anglaises, aux steppes de l’Asie centrale et aux rizières du Vietnam qu’il a visitées sur son fidèle destrier. L’auteur repart donc, prêt à pédaler tant sur « d’énormissimes » ponts surplombant des villages en Chine que sur d’innombrables virages en épingle de routes andines. Bref, il lui reste une autre moitié du monde à découvrir.
Mais son aventure n’est pas faite que d’exploits, elle est aussi faite de rencontres. Le vélo, nous enseigne Jonathan, est le « moyen de transport idéal pour aller à la rencontre de l’autre », pour « comprendre un peu mieux le monde ». C’est ce qui distingue ces Histoires à dormir debout, illustrées de centaines de photos, de bien d’autres ouvrages du genre.
Jonathan, à la personnalité bienveillante (« la bonté attire la bonté »), croise « bien du bon monde » dans ce fructueux parcours de 20 000 kilomètres, de l’Asie à l’Amérique du Sud : un Taïwanais de 50 ans rêvant d’abandonner sa routine « boulot-boulot » pour faire le tour de son île en vélo; un Vénézuélien privé de ses biens par son gouvernement, pédalant à travers le Chili pour refaire sa vie en Argentine; un épicier mennonite au Paraguay; un vétérinaire retraité devenu pasteur au Brésil. Il rencontre même Wayne Gretzky, invité par une équipe professionnelle chinoise à Beijing.
Il ne pédale toutefois pas toujours en solitaire, ayant à l’occasion de la compagnie : Mathieu, un ami d’enfance, au Japon; Freddy, l’Allemand jovial, en Terre de Feu; Davide, un Turinois de 26 ans, au Chili (« l’âme sœur cycliste » : même vitesse, même budget, et « assez peu matinal »); et Gabrielle, au Brésil, sur les plages d’Ipanema, rendant la vie encore plus merveilleuse pour Jonathan.
Mais voyager à deux, pour un Jonathan avide de rencontres, pose un inconvénient : « les échanges avec les étrangers sont plus rares ». Il ne suscite plus ce « Tu voyages seul ! » incrédule du villageois coréen ou du paysan bolivien, qui laisse place complètement aux dialogues.
À de multiples reprises, d’ailleurs, le parcours en solitaire autour du monde de Jonathan suscite l’intérêt des médias locaux, faisant de lui une vedette. Il donne des conférences dans des écoles en Uruguay, entre autres, où il signe des autographes. Il reçoit l’invitation, par hélico privé, sur son immense domaine, d’un milliardaire brésilien enthousiasmé par son extraordinaire odyssée.
C’est l’occasion, pour lui, de narrer une multitude d’incidents cocasses : se faire offrir dix fois par jour des cigarettes en Chine (avec ce refus accueilli par « une totale incompréhension »); une nuit involontaire dans un Love Hôtel, en Corée du Sud; la visite non désirée, dans les montagnes chiliennes, d’un puma près de sa tente; une chambre au Paraguay infestée de fourmis et de cafards, le forçant à monter sa tente sur un lit.
Il raconte également des moments parfois pénibles : la lutte constante, en Terre de Feu, contre les vents (soufflant souvent à plus de cent km/h) lui permettant à peine de parcourir cinq kilomètres en une heure; le froid, en Argentine, qui fait éteindre son ordinateur; la chaleur infernale, au Paraguay (plus de 45 degrés), lui donnant l’impression « de se déplacer à l’intérieur d’un grille-pain ». Mais, le conférencier en convient, « les malheurs font les meilleures histoires » : « et, au fond du trou, on ne peut que remonter ».
Il nous livre ici et là quelques impressions sur les pays qu’il traverse : un Singapour, sans surprise, « propre et ordonné »; un beau Chili, mais extrêmement inégalitaire; un Uruguay se distinguant par son progressisme; une Bolivie qui a perdu, en moins de deux siècles, la moitié de son territoire au profit de ses cinq voisins et « à l’histoire tellement triste qu’elle en est drôle ».
Si la traversée de l’immense Chine ne fut guère mémorable pour Jonathan (un lieu où il se fit souvent accueillir par un « Pourquoi es-tu ici ? »), il conserve un excellent souvenir d’un Taïwan chaleureux, « paradis du cyclotourisme », et surtout du Japon, de l’excellence de son mode de vie, de son « indicible envie d’y retourner ».
Jonathan achève, involontairement, son parcours au Pérou. Nous sommes alors en mars 2020. Les frontières se cadenassent.
Souhaitons qu’il puisse, un jour, compléter ce tour du monde. Nous aimons tellement partir avec lui à la rencontre des gens, pouvoir être heureux, comme lui, de faire un beau voyage.
– Christian Vachon (Pantoute), 2 avril 2023
D'autres histoires à dormir dehors : 20 000 km à vélo, de l'Asie à l'Amérique du Sud
Le premier volet de ces histoires, de l’Angleterre à la Malaisie, a laissé des milliers de lecteurs sur leur faim. Voici enfin la suite des aventures cyclistes de Jonathan B. Roy, de l’Asie du Sud-Est à l’Amérique du Sud en passant par la Chine et le Japon. Sur les chemins de terre, les accotements de métropole ou les longues routes désertes, il pédale plus lentement que son ombre et suscite curiosité, admiration ou stupéfaction. Il livre ici un récit humaniste teinté d’humour et de poésie, reflet de la bienveillante curiosité qu’il porte à ce monde contrasté et passionnant. Et fait de nous, lecteurs, d’intrépides voyageurs par procuration.
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