Lac Adélard

Bienvenue à Charette, petite municipalité comptant mille et deux âmes : mille habitants, un fantôme de fillette se baladant sur les rails du chemin de fer et une jeune femme recouverte de sang. Il s’agit d’un endroit magnifique pour vivre, si on exclut le lac Adélard à propos duquel on raconte quantité d’histoires terrifiantes. Mais soyez sans crainte! Ce charmant patelin de Montérégie vaut véritablement le coup d’œil. C’est l’opinion que partage Éli et Anna, deux adolescents du coin qui n’ont très certainement pas peur des histoires de fantômes.  Mais ça c’était avant qu’un journal personnel, écrit par une jeune fille portée disparue dans les années 80, n’apparaisse dans leur vie. Depuis, ils n’ont plus qu’une seule certitude: certains cauchemars sont définitivement trop effrayants pour être contenus dans les légendes.

Treizième titre de la collection noire publiée aux éditions de la courte échelle, Lac Adélard est également une première incursion réussie dans l’univers du roman jeunesse pour son auteur François Blais qui nous offre ici un roman à narration multiple.  En 1989, Rose-Aimée se cache en forêt avec sa mère et une bande d’amis. Jusqu’à ce que tout se calme, ils ne doivent pas pointer leur nez à l’extérieur. Heureusement, Robot est là pour les aider même si on lui a fortement déconseillé de lui faire confiance. En 2019, Élie cherche à attirer l’attention de la belle Anna. Quoi de mieux qu’une ballade au lac Adélard, que l’on présume hanté, pour créer des rapprochements?

Fidèle à la ligne directrice de la collection composée de romans d’horreur et d’enquête, l’intrigue du Lac Adélard nous plonge dans un univers inquiétant qui, par moment, flirt  avec le paranormal.  Alternant les passages entre le journal intime de Rose-Aimée et le présent d’Éli et Anna, François Blais installe un climat de suspens efficace dès les premières pages ; climat soutenu par le travail d’illustration de la toujours talentueuse Iris qui complète à merveille l’ambiance inquiétante du récit. La plume de l’auteur, intelligente et décalée, happe à coup sûr son lecteur. Ce dernier n’a plus qu’à débouler  les pages pour connaître le dénouement de l’histoire alors que le malaise s’amplifie tranquillement, chapitre après chapitre. Grâce à ce récit parfaitement maîtrisé, situé entre suspens et frissons, vous n’aurez qu’une seule envie: vous laissez absorber par ce cauchemar un peu trop vraisemblable pour être totalement confortable.

Bien qu’il ne s’agit pas à proprement parler d’un livre d’horreur graphique, Lac Adélard est déconseillé aux peureux et peureuses de moins de 11 ans. À lire à vos risques et périls!