Depuis des années, tant à ICI RDI qu’aux radios privées, Rafael Jacob nous décortique, avec passion, avec justesse, la politique américaine, gagnant nos faveurs par ses jugements impartiaux, solidement étayés.
Rafael Jacob a longtemps observé, avec un brin d’amusement, les surprenantes convulsions politiques de nos voisins du sud. Mais, depuis quelques mois, l’Amérique l’inquiète. Il le confesse dans cet essai, publié, au début de l’automne, chez Robert Laffont, 2020 : L’Amérique au bord du gouffre, un étincelant compte-rendu d’une élection présidentielle qui a estomaqué le reste du monde.
Comme l’évoque pertinemment Paul Houde, en préface de l’essai, un deuxième mandat semble sourire au président en poste à la Maison-Blanche, au début du printemps 2020, jusqu’au moment où l’astéroïde COVID vienne percuter la planète Trump. Dans la première partie de ce 2020 : L’Amérique au bord du gouffre, « Le contexte », Rafael Jacob expose les quatre crises majeures (Trump s’entêtant à vouloir être Trump en nageant au dessus d’elles) qui vont faire écrouler l’infrastructure : une crise sanitaire où l’attitude débonnaire, parfois inepte (« Ingurgitez du Lysol ! »), du président, et son absence de leadership, mènent à un chaos, se répercutant sur la gestion confuse, par les États, de l’épidémie ; une crise économique où, du jour au lendemain, confinement aidant, l’Amérique « se portant historiquement bien » bascule dans l’angoisse ; une crise sociale, « la pire en cinquante ans », engendrée par la saga George Floyd ; et, surtout, « la plus dangereuse de toute », une crise démocratique où le Trump briseur de normes, avec sa rhétorique « le système est truqué », rend acceptable, le jour du 6 janvier 2021, la violence politique, « pour remédier à des résultats électoraux jugés illégitimes ».
Dans sa seconde partie, « La campagne : la course à la Maison-Blanche », Rafael Jacob retrace les péripéties inédites de cette course électorale qui vont mener –osons le dire franchement- a cette tentative de coup d’État : Trump tirant de l’arrière contre son opposant Biden « le ressuscité » (aidé d’une colistière Kamala Harris « lui offrant ce qu’il ne possède pas » : la fougue, la jeunesse) dans une campagne qui prend la tournure d’un référendum sur le président sortant plutôt que sur les programmes des deux partis ; une première (petite) bombe, éclatant le 18 septembre, avec le décès de la juge –libérale- Ruth Bader Ginsburg, permettant alors, par son remplacement, à une semaine de l’élection présidentielle, d’asseoir une forte majorité conservatrice (six juges sur neuf) à la Cour suprême (et de renverser, éventuellement, la décision « Roe vs Wade » sur l’avortement) ; les maladresses de Biden lors du dernier débat faisant « bouger les choses »; la seconde (plus grosse) bombe, une « situation explosive », où le président sortant lui-même « va lancer l’allumette » : le scénario « catastrophe » de la soirée électorale, le vote par anticipation –plus de cent millions dans tous les États- du trio décisif (Arizona, Pennsylvanie, Wisconsin) dans la défaite de Trump qui tarde à être compilé la nuit même, et qui donne l’occasion pour Trump d’affirmer : « nous avons, dans les faits, gagner cette élection. »
Le « Big Lie », sans fondement juridique (ni fraude, ni inconduite électorale ne seront attestées dans aucun des trois États décisifs), fonctionne politiquement. Trump bloque la transition, s’accroche au pouvoir, refuse les résultats de l’élection, et ses partisans le soutiennent (sur 200 membres républicains du Congrès, moins de 30 reconnaissent la victoire de Biden), voyant en lui un protecteur de la démocratie, face à un système corrompu.
Tous les moyens sont bons, y compris une marche sur Washington, y compris menacer son propre vice-président Mike Pence (qui préside également au Sénat) de poursuites fédérales s’il certifie, le 6 janvier 2021, les résultats de l’élection.
Le système, malgré tout, tient bon. Donald Trump quitte la présidence. Joe Biden, le 20 janvier 2021, prête serment comme président.
Mais Trump, plusieurs mois plus tard, continue de tenir en otage (par la peur, par les insultes, par les menaces) le Parti républicain, et, selon Jacob, « rien n’indique que cette tactique du coup d’État (le 6 janvier) sera la dernière, bien au contraire ».
Toutefois, il faut constater ceci : le scrutin de 2020 est « une défaite personnelle pour Donald Trump, mais pas nécessairement pour son parti ».
Le vote républicain est en hausse dans les communautés hispaniques, les démocrates s’entre-déchirent sur des dossiers locaux populaires (l’enseignement entre autres), les républicains partent favoris, en 2022, lors des élections de mi-mandat. Pourquoi s’encombrer d’un Trump ?
2020 : L’Amérique au bord du gouffre
Une année marquée par une combinaison de cataclysmes simultanés avec, à son cœur, une campagne présidentielle inédite entre Joe Biden, le candidat présidentiel ayant la plus longue carrière politique de l’histoire, et Donald Trump, le seul président à n’avoir occupé aucune autre fonction publique avant son accession au pouvoir.
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