Les vénérables mais menacés géants d’Arboreta

Christian Vachon - 23 février 2023

 

Tout un spectacle cet Arboreta (une traduction de The Tree Book : The Stories, Science and History of Trees) des éditions Multimondes, avec ses photos saisissantes d’un forêt émeraude de l’Île de Porto-Rico, d’imposants cyprès des boyaux de la Louisiane, des sombres et envoûtantes haies d’hêtres de l’Irlande, ou de mystérieuses forêts anciennes de chênes d’Angleterre.

Arboreta fait aussi œuvre utile en nous rappelant, page après page, à quel point les arbres demeurent une ressource inestimable pour l’homme. Ils nous nourrissent :  l’olivier, « le plus précieux don du ciel », et l’amandier sont cultivés depuis des millénaires. Ils nous aident à nous abriter ou à voyager, comme le fait si bien ce fort et résilient chêne, l’essence par excellence de la marine à voile. Souvenons-nous, aussi, que presque toutes les parties du cocotier sont utiles ; que le noyer n’est pas seulement prisé pour ses fruits, mais aussi pour son bois dur et durable ; que le tilleul nous offre de l’ombrage lors des longues journées chaudes d’été ; que les graines soyeuses du kapokier aident à rembourrer nos vêtements ; que les palétuviers, avec ses irrésistibles racines en échasses, protègent, en zone tropicale, les côtes des tempêtes et inondations ;  et que les rhododendrons, en pleine maturité, égayent notre environnement par leur beauté.

Arboreta nous alarme, enfin, des multiples périls menaçant cette lointaine collaboration entre l’homme et les arbres.

Plus de quatre-vingt-dix essences arboricoles (genévrier commun, saule pleureur, platane…) sont richement, et somptueusement, détaillés, en deux ou quatre pages, dans cet élégant album.

Dans une première partie (« Structure et activité des arbres »), les nombreux contributeurs (des experts botanistes :  Michael Scott, Ross Bayton, Andrew Mikolajski, Keith Rushforth) nous dévoilent, parmi d’autres éléments, comment les 60 000 espèces d’arbres, ces champions de l’adaptation (perdre ses feuilles l’hiver aident, entre autres, à diminuer le poids de la neige sur les branches) se nourrissent de sucre et d’eau (120 mètres est la hauteur maximale à laquelle l’eau peut monter dans le tronc), ou se reproduisent avec l’aide du vent ou, mieux, des animaux.

Une vingtaine de gymnospermes, nos conifères, ces arbres les plus anciens, apparus il y a plus de 300 millions d’années, ne portant pas de fleurs (ils se reproduisent grâce à leurs graines nues), sont présentés au chapitre deux. On fait, entre autres, la connaissance du gigantesque séquoia, « le plus grand de tous les organismes vivants »  (Joseph Steinbeck : « Voir un séquoia vous laisse une marque qui ne s’efface pas »), mais, aussi, de ce singulier pin Bristlecone  (avec cette photo, percutant, prise en Utah, d’un spécimen tordu, malmené, mais résistant, tout de même, au rude climat des montagnes de la Sierra Nevada).

Plus de soixante-dix essences d’angiospermes (leurs graines se développent à l’intérieur d’un fruit), les « arbres à fleur », nos familiers érables à sucre, bouleaux à papier, poiriers, mais, aussi, cannelliers, théiers, cacaoyers, sont, enfin, exposés au troisième chapitre.

On y découvre, alors, que l’archipel nippon, au grand complet, s’arrête chaque année, au début du printemps (c’est la tradition du hanami) pour contempler la spectaculaire floraison des cerisiers, ou que la graine monstrueuse d’un noyer du Brésil peut blesser des gens par sa chute.

On s’extasie devant ces géants : le baobab, « emblématique de l’Afrique » (Arboreta lui consacre, exceptionnellement, six pages, en plus de cette photo « pleine page » de la monumentale « avenue des baobabs » de l’île de Madagascar), ou l’eucalyptus arc-en-ciel, véritable colosse multicolore (vert, bleu, grenat).

On s’émerveille des prouesses du banyan, l’arbre national de l’Inde, « le plus large du monde », qui, en lançant ses racines aériennes, forme de nouveaux troncs.  Un individu unique peut constituer une forêt.

On s’attriste, finalement, de ce champignon mortel faisant disparaître d’Europe l’orme des montagnes ; de ce somptueux dragonnier de Socotra (une île de la Corne de l’Afrique) ne produisant plus de rejeton, faute d’eau ;  de l’exploitation fatidique de l’acajou des Antilles (l’espèce est « éteinte commercialement ») ;  du réchauffement climatique menaçant même le si vénérable, et, pourtant, si résilient (il survit en sols sablonneux) baobab.

Sachant cela, les éblouissantes illustrations d’Arboreta en deviennent plus précieuses

 

Beaux livres

Arboreta : un fascinant voyage au cœur des géants

Collectif - Multimondes

Une incursion unique dans l’univers majestueux des arbres les plus extraordinaires du monde. Cet ouvrage d’une grande richesse iconographique comblera autant les amoureux de la nature que les passionnés de dentrologie.

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