Des oiseaux. Du ciel immense. De la lumière. La page couverture de cet album jeunesse criait « VALÉRIE ! » à plus de mille lieues à la ronde. Ai-je jugé l’apparence de cette sublimissime œuvre d’art ? Certainement. Ses couleurs pastel, douces comme le matin, et les coups du pinceau, doux comme des plumes, ont charmé mon cœur d’adulte. Un sentiment d’envol s’en dégageait déjà.
La première page m’a happée. La deuxième m’a harponnée. Mes yeux ne pouvaient se détacher de chaque scène immense. Toujours, les deux pages côte à côte forment une seule et même composition. Par l’horizontalité du format paysage, j’ai ressenti une certaine stabilité. Un calme accentué par chaque ligne, chaque rayon de lumière. Cette même horizontalité magnifie les prises de vue de l’horizon et du ciel. Je me suis perdue dans l’immensité du monde alors que l’enfant minuscule travaille minutieusement sur son bricolage.
Faire un oiseau.
« Respire doucement / et prends tout ton temps, / [c]réer un oiseau / ne se fait pas en un instant. »
Je lève mon chapeau à la justesse des os, aux détails des plumes et des coquillages. Je m’incline aussi devant la prose poétique, qu’une traductrice a su rendre avec brio. C’est d’une précision, d’une puissante simplicité ! À en faire battre les ailes d’un moineau.
Le texte, toujours une poignée de lignes judicieusement placées sur la page. Pour un enfant, ça le fera rêver. Il voudra, lui aussi, faire un oiseau. Pour un adulte, c’est… quelque chose d’indescriptible. Un sentiment plus grand que soi.
« [T] on oiseau frémira, / et son cœur enfiévré se gonflera de rêves / que seul un oiseau peut avoir. »
Là, à côté de moi, l’album repose. Je relis mes pages préférées. Je titube sur l’impact des rimes, je m’accroche à la cime de chaque respire. J’ai le cœur qui pleure, qui sourit. J’ai le cœur qui pince, qui se désenchaîne. Moi aussi, j’ai été petite. J’ai été enfant. Moi aussi, j’ai senti le poids plume de ce que c’est, faire un oiseau.
Imagination. Liberté. Immensité.
Entre mes doigts se faufile le rêve de ne jamais voir partir cet enfant.
Cet enfant rêveur et libre. Infini.
***
P.S. Ce chef-d’œuvre d’album jeunesse ne demande qu’à être laissé ouvert sur une table de salon. Là où les yeux vagabonds courent et se retrouvent.
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