Quatre conceptions bouleversant le monde à commémorer en 2025 : D’un engin à vapeur à un requin mécanique

Christian Vachon - 27 janvier 2025

« Utilisons-la, à la place des chevaux, sur nos rails » : l’expérimentation de la machine à vapeur de George Stephenson, dans le comté de Durham en Angleterre il y a deux cents ans, va transformer et fiabiliser les moyens de transport, accélérer la mobilité humaine et forcer, soixante ans plus tard, la création des fuseaux horaires. La Stockton and Darlington Railway, la première ligne de chemin de fer à utiliser la locomotive à vapeur et à transporter des voyageurs, une voie mythique mise à l’honneur dans ce Une histoire insolite des trains : de la naissance du rail à la conquête de l’Himalaya de Clive Lamming, édité chez Alisio l’an dernier, demeure en grande partie exploitée aujourd’hui.

Cent ans plus tard, en 1925, aux États-Unis, les gens délaissent de plus en plus le train pour l’automobile. Des milliers de gens dans leur véhicule empruntent quotidiennement la route 101 reliant Los Angeles et San Francisco, en quête désespérément d’un lieu de séjour très court et surtout pas trop dispendieux. S’ouvre alors pour ces usagers de la route, le 12 décembre, à San Luis Obispo, à mi-chemin entre les deux grandes cités, un vaste ensemble regroupant plusieurs chalets et cela pour la modeste somme de 1,25$ la nuit. L’ensemble combine les commodités d’un terrain de camping avec le confort d’un hôtel et a pour nom « Milestone Mo-Tel ».  L’architecte du concept qui fait fureur partout en Amérique, Arthur Heinemann, ne parvient malheureusement pas à faire enregistrer le terme « motel ».

Le 4 avril 1975, cinquante ans plus tard, deux étudiants du nom de Bill Gates et de Paul Allen, concepteurs du premier langage de programmation pour micro-ordinateur, vont faire fortune en fondant la compagnie Micro-Soft à Albuquerque au Nouveau-Mexique. En moins d’une décennie, les ordinateurs personnels vont révolutionner notre vie quotidienne.

Un cadre noir contient du texte en blanc, notamment la mention « The terrifying motion picture from the terrifying No. 1 best seller. » tout en haut et le nom des stars et de l'équipe en bas. Au centre de ce cadre, une image en couleur montrant une femme blonde nageant dans une eau très bleue. Sous l'eau, un requin énorme qui monte vers elle la bouche ouverte. Le titre « Jaws » est écrit tout en lettres majuscules, dans une écriture rouge et grasse au-dessus de la femme.
L’affiche originale du film « Jaws », 1975.

Avec la sortie de son film Jaws, Steven Spielberg invente sans le savoir, cet été 1975, le blockbuster estival (un essai de Victor Norek L’oeuvre de Steven Spielberg : l’art du blockbuster volume 1, paru chez Third éditions en 2024, en fait l’éloge en analysant sa filmographie). Il a surtout la certitude, en quittant le lieu de tournage du film à Martha Vineyard au Massachusetts l’automne précédent, que sa carrière de cinéaste est terminée. « Jaws was my Vietnam. It was basically naive people against nature, and nature beat us every day. » La réalisation dure cent jours de plus que prévu. Le budget passe de 3,5 millions à 8,5 millions de dollars. L’acteur britannique, le rude Robert Shaw, se comporte en « bully » face au « nerd » Richard Dreyfuss. Le requin mécanique, constamment en panne, est surnommé « Flaws » (le défectueux).

Mais les quelques notes de John Williams (une exploration de la carrière foisonnante de ce musicien trop dédaigné, L’oeuvre de John Williams : le chef d’orchestre des émotions de Jean-Christophe Manuceau, a également été publiée chez Third éditions en 2024), son « Dun dun… dun dun… dun, dun dun dun » stimulant l’inquiétude, donnent au film son âme, la « Soul of Jaws ». Le spectateur sent la menace invisible; le spectateur est terrifié. Le spectateur crie. En trois jours, le film rapporte près de 7 millions de dollars au guichet : du jamais vu à l’époque. Il faut attendre deux ans, soit le début du phénomène Star Wars pour lui faire perdre sa couronne du plus grand succès estival.

Spielberg sait avoir commis une grave injustice envers le grand requin blanc en faisant son film. Steven Spielberg se console en se disant avoir rendu ce roi des mers aussi populaire que lui.

– Christian Vachon (Pantoute), 26 janvier 2025

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