Savoir faire triompher la justice à Berlin en temps de chaos

Le commissaire Oppenheimer, le fort attachant héros du romancier Harald Gilbers, possède, tant dans les dernières années du régime nazi que dans le chaos de l’après-guerre, cet incomparable savoir-faire : faire triompher la justice à Berlin.

Dans le septième tome de ses enquêtes, L’écho des ruines, publié aux éditions Calmann-Lévy, le commissaire berlinois tente de mettre un terme à une épidémie de corps froidement exécutés, retrouvés dans des décharges. Le tout se passe à l’hiver 1949, sous le ballet incessant des avions ravitaillant la ville (l’Ouest doit, à tout prix, conserver ce précieux enclave derrière le Rideau de fer) nuits et jours.

L’affaire se présente plutôt bien. Des indices retrouvés sur les lieux et des témoins lui permettent de remonter la piste, de bunkers abandonnés aux studios de cinéma renaissants, le menant à une bande de jeunes crâneurs, admirateurs d’Al Capone, n’honorant aucune règle et projetant un gros coup forgeant le respect.

Les ennuis s’accumulent toutefois pour l’honnête Oppenheimer : une taupe semble s’être infiltrée au sein de la police ouest berlinoise l’empêchant de s’approcher de la bande. Pire encore, la chasse aux bandits se transforme peu à peu en chasse aux policiers.

Jamais à court de ressources, l’astucieux commissaire va faire appel à son vieil ami Ed, l’ancien malfrat recyclé, afin de court-circuiter le gang criminel. Il faut bien vivre, c’est pourquoi Ed est tombé dans l’organisation de combats de catch féminin dans la boue.

Harald Gilbers nous offre un nouveau portrait toujours aussi enrichissant du Berlin de la fin des années quarante, pimenté de multiples personnages colorés et poignants, peuplé d’habitants en ayant assez du pouvoir arbitraire, du marché noir, des trafics de toutes sortes et qui sont avides plus que jamais – des indices ici et là le laisse entrevoir et espérer – d’un retour à la normalité.

– Christian Vachon (Pantoute), 19 octobre 2025