Un si invincible bonheur, en douze leçons

Christian Vachon - 12 mai 2022

« Dès l’aurore, dis-toi d’avance, je vais rencontrer un indiscret, un ingrat, un insolent, un fourbe, un envieux, un égoïste »

– Marc-Aurèle, Pensées pour soi-même

 

« L’enfer, c’est les autres », et il nous faut une solide carapace d’optimisme, accompagnée d’une bonne dose de chansons d’ABBA, pour affronter quotidiennement les assauts des frustrés de la vie. Le réputé psychosociologue français Gilles Azzopardi, auteur du Nouveau manuel de manipulation, nous apprend, en douze chapitres, dans son Aller bien dans un monde qui va mal, édité chez Eyrolles, cet hiver 2022, à forger cette armure de gaieté, à faire de nous un Iron Man de la joie de vivre.  Parcourez-le, vous allez y trouver votre bonheur.  Et votre bonne humeur, à l’égal des pouvoirs spéciaux des superhéros, va étonner votre entourage.

On le sait bien, « ce qui rend heureux les uns, ne rend pas forcément heureux les autres ».  D’ailleurs, depuis l’Antiquité, stoïciens et épicuriens opposent deux idéals de bonheur :  un bonheur à l’intérieur ou à l’extérieur, la sérénité ou la jouissance, le bien-être tranquille ou l’expérience intense.  Il y a plus de deux mille ans, déjà, le sage Épictète assure l’invincibilité à celui qui apprend à ne pas s’en faire avec ce qui ne dépend pas de lui.  Beaucoup plus tard, Arthur Schopenhauer rajoute :  « Le bonheur d’un individu dépend bien plus de ce qu’il est que de ce qu’il a ».   Nietzsche y apporte son grain de sel :  « Il faut dire oui à la vie, avec toutes ses horreurs et ses merveilles. On ne fuit pas le malheur, on l’accueille, on l’accepte et on le dépasse ».

     Sommes-nous, aussi, équipés d’un thermostat hédonique :  notre bonheur étant lié à celui des autres, voire à leurs malheurs ?

Les neurosciences ont, cependant, confirmé les savants propos des anciens Grecs:  le bien-être est fait de deux choses qui fonctionnent de manière relativement indépendante dans le cerveau, l’hédonisme (le plaisir) et l’eudémonisme (le bonheur), et les plus heureux sont ceux qui arrivent à régler ce thermostat, à vivre les deux en même temps.   Oui, le bonheur est « chimique » :  on hérite plus ou moins de celui-ci (on a même isolé le gène du grincheux), et une corrélation existe entre la sérotonine et le niveau de bien-être.

Et, non, rien n’est réglé à l’avance.   On peut, à tout moment, influencer, à notre tour, notre taux de sérotonine, en réglant notre cerveau au mode positif.

Les constats de la psychologie cognitive, nous informe Gilles Azzopardi, peuvent venir à notre rescousse :  le succès, cette illusion, n’apporte pas le bonheur ; il ne faut pas être pris en otage par les émotions (ces réactions instinctives de défense ou d’approche), apprendre à décompresser, lâcher du lest, ne pas péter les plombs (et passer dix fois plus de temps, par la suite, à le regretter), et « qu’un bon moral, c’est toujours plus d’ouverture sur les autres ».

L’art de la bonne humeur, aussi, c’est d’entreprendre, quotidiennement, le ménage de notre mental :  ce ne sont pas les problèmes, en soi, qui polluent notre monde, mais les soucis qu’on s’en fait.  « Tout n’est pas tout noir, tout n’est pas tout blanc ».   Il faut s’endormir sur un petit nuage (trop d’excitants ne sont pas bons pour notre sommeil), et le matin, au réveil, se débrouiller pour que notre première idée du jour soit positive.  Et Azzopardi, dans son dernier chapitre, propose une autre voie, asiatique, vers la sérénité :  la méditation.

Enfin, en conclusion, il nous suggère douze petites leçons de bonheur, des conseils, ma vaste expérience l’attestant, sont parfaitement valables, entre autres :  « faire la paix avec son passé », « s’accorder le droit à l’erreur ou à l’échec » (et savoir rebondir rapidement après un coup dur), et, surtout, surtout, ne pas se laisser ronger par l’envie (est-ce le bonheur des autres qui fait de votre vie un enfer ?).

Ne courez pas après le bonheur, il est dans l’imprévu, et les esprits curieux ont souvent rendez-vous avec lui.

Savourez l’instant présent, et débranchez-vous.  « Les calamités font vendre », et notre cerveau, si on ne le dompte pas, a une fâcheuse tendance naturelle à s’orienter sur le négatif.

 

Essais étrangers

Aller bien dans un monde qui va mal

Gilles Azzopardi - Eyrolles

Puisant dans la philosophie, la psychologie positive et les neurosciences, l'auteur propose des solutions pour mieux vivre des périodes difficiles : désamorcer les pensées négatives, éviter les situations toxiques ou encore prendre conscience des mécanismes du bonheur.

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