En quête de vacances ou d’exploits hors normes? Si obscurité, humidité, boue ou passages étroits ne vous perturbent pas, suivez les traces des héros de Jules Verne et des Blake et Mortimer d’Edgar P. Jacobs et allez vous promener sous terre à la recherche de lieux mystérieux.
Et pas besoin de partir au loin pour vivre ces vacances souterraines ; le Québec regorge de gouffres, de grottes, d’antres à explorer. Ils sont tous recensés dans Cavernes du Québec : guide de spéléologie, un invitant bouquin de 400 pages des éditions Michel Quintin, enrichi de centaines de photos, saisissantes, spectaculaires, de cet envoûtant monde sous terre, rédigé par deux pros, Michel Beaupré et Daniel Caron, qui, depuis plus de 50 ans, sillonnent et cartographient ce Québec souterrain.
Pourquoi elles existent ces cavernes ? Bon nombre d’entres elles, la plupart même, se créent par l’écoulement des eaux dans le karst (ces roches solubles qui présentent une perméabilité importante), un lent travail de plusieurs centaines de milliers d’années. D’autres, moins nombreuses, sont d’origine mécanique, apparaissent à la suite d’un déplacement de masses de roches.
Qui risquons-nous de croiser dans ces cavernes ? Surtout pas des ours – ils ne s’y réfugient que de façon très, très accidentelle, et moins souvent que les porcs-épics, mais des insectes : sauterelles, mouches, papillons. Quant aux chauves-souris, le syndrome du museau blanc, une maladie fongique, décime leur population depuis l’an 2000. Aucune grotte connue n’héberge actuellement , au Québec, une colonie importante de ce mammifère ailé. Il y avait, à la fin des années 90, une centaine de chauves-souris qui s’abritaient encore au Trou de la Fée, près de Desbiens, au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il n’en reste plus aucune aujourd’hui.
Avant de partir à l’aventure, Michel Beaupré et Daniel Caron nous invitent, bien sûr, à bien s’équiper, se munir d’une lampe frontale, de chaussures adéquates. Il faut s’attendre à se mouiller les pieds, à vivre avec l’inconfort. Une approche progressive, permettant de mieux connaitre nos habiletés, est privilégiée pour notre sécurité. Ne partez jamais en solitaire, et, face aux passages étroits, ayez toujours la certitude de pouvoir effectuer le retour.
Ce Cavernes du Québec ne s’adresse pas qu’aux amateurs. Il vise aussi les professionnels de la spéléologie, ce « dernier bastion de l’exploration terrestre », des professionnels qui, à tout moment, peuvent vivre ce moment euphorique : la découverte d’une nouvelle cavité ou d’une nouvelle galerie. Michel Beaupré et Daniel Caron leur proposent la méthodologie appropriée pour « cartographier ce vide » qu’ils s’apprêtent à parcourir.
Après nous avoir révélé, dans les deux premières parties, les multiples secrets, consignes et plaisirs de la spéléologie, les deux experts nous détaillent, finalement, plus de 50 cavernes, et autres sites, à explorer au Québec, des sites répartis par région, de l’ouest vers l’est, « reflet indirect de la géologie du Québec ». L’information est des plus généreuses, exhaustives : historique du site, frais d’entrée (si exigés), accessibilité (terrain privé ou non), les périodes de l’année à éviter (surtout au printemps),…
Ils classent, c’est très apprécié, ces cavités selon leur niveau de difficulté, du niveau 1 (faible, nécessitant seulement un casque et une lampe frontale) à 4 (risque élevé, parcours très difficile, avec des risques « d’ennoiement complet », nécessitant une excellente connaissance du milieu souterrain).
Que pouvons-nous explorer ? De nombreuses grottes karstiques (plus d’une dizaine) dans l’Outaouais : grottes des Moules, de Kazabazua… ; des cavités d’origine mécanique dans Lanaudière : caverne de la Chute-à-Bull, … ; des abris-sous-roches sur le littoral des îles de la Madeleine. Ou, en Gaspésie, on peut s’introduire dans la plus vieille caverne connue au Québec, et, à Percé, se glisser dans la plus profonde, le « Trou sans fond ».
Des grottes, on en trouve sur l’île de Montréal (la caverne de Saint-Léonard, avec ses rochers âgés de 400 millions d’années), comme sur l’île d’Anticosti (quatre grottes répertoriées, dont le canyon spectaculaire de la rivière Vauréal, et le porche impressionnant, suivi d’une grande galerie, haute de 8 mètres, de la grotte à la Patate).
Légendes et superstitions populaires inspirent fréquemment les noms de ces cavités : Trou de Fée, en Lanaudière, la caverne des Fées du mont Saint-Hilaire, le Trou du Diable, à Saint-Casimir de Portneuf. On retrouve, aussi, un Trou à Philomène, dans le coin de Val-Jalbert, et un Trou des Perdus, près du lac Témiscouata (une grotte trouvée, par hasard, par des spéléologues égarés).
Aux amateurs, on recommande, entre autres, la caverne Laflèche, découverte en 1866, dans la région de l’Outaouais, une belle attraction touristique avec son puits intérieur et sa « Grande Salle ». Ils peuvent aussi s’initier à la spéléologie en visitant d’anciennes mines, façonnées de cavités artificielles, en Estrie (mine Capelton, près de North Hatley), ou en Abitibi (la mine Lamaque).
Les pros de la spéléologie s’enticheront, surtout, de la grotte de Boischatel, « pièce de résistance de l’aventure souterraine au Québec », avec ses multiples galeries parcourues par les eaux souterraines, le fruit de décennies d’exploration (« une histoire d’entêtement »), la plus grande grotte émergée à l’est des montagnes Rocheuses, longue de 2,4 kilomètres, et située, près de la Chute Montmorency, à l’est de la ville de la ville de Québec. Qui sait, vous découvrirez, peut-être, un nouveau passage ?
Et si ce défi ne suffit pas, les auteurs proposent, en conclusion, des sites de plongées souterraines – des « grottes sous l’eau » – (grottes de la Baie d’Amélia, grottes de l’île Bonaventure,…), ou de canyonisme – un mélange de nage en eaux vives et d’escalade (de nombreux sites à fréquenter en Portneuf, Charlevoix ou Gaspésie).
Décidemment, ce Cavernes de Québec est un incitatif à l’aventure.
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